Le procès du massacre du 28 septembre 2009 entre dans une nouvelle phase aujourd’hui, celle des plaidoiries et des réquisitions. 14 avocat·es représentent les victimes et les organisations parties civiles : la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH), et ses organisations membres en Guinée : l’Organisation Guinéenne des Droits de l’Homme et du citoyen (OGDH) et l’Association des Victimes, Parents et Amis (AVIPA). Ouvert le 28 septembre 2022, ce procès juge 11 accusés. Parmi eux, un ancien président et de hauts responsables de son régime.
L’étape des plaidoiries et des réquisitions succède à d’autres étapes cruciales, dans un contexte politique particulier, marqué par l’évasion du principal accusé dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 novembre 2023, avec d’autres accusés. Bien qu’ayant tournée court, avec trois des évadés rapidement ramenés en prison, et un autre toujours en recherché, cet épisode spectaculaire montre les failles d’un appareil étatique fragile, qui n’offre pas les meilleures garanties pour la sécurité des acteurs du procès et en premier lieu des victimes.
Pour autant, les 133 audiences ont permis de clairement établir que des massacres ont été effectivement perpétrés le 28 septembre 2009 et les jours qui ont suivi et ont causé un préjudice incommensurable aux victimes. L’espoir est donc de mise pour les victimes, d’obtenir justice.
Pour Maître Drissa Traore, Secrétaire Général de la FIDH, « la phase des plaidoiries et réquisitions est une phase importante dans ce procès qui a duré plusieurs mois et qui annonce que la décision n’est plus loin. ll s’agira du dénouement de plusieurs années d’engagements, d’inquiétudes, d’attentes et surtout d’espérance. »
Pour Souleymane Bah, Président de l’OGDH, « Les plaidoiries sont l’occasion pour nous d’exprimer à nouveau notre profonde empathie envers les victimes et leurs familles en ce moment de vérité, d’une importance cruciale, pour la Justice, la vérité et surtout pour la guérison des profondes blessures infligées à la société Guinéenne. »
« Il faut insister encore sur la nécessité d’assurer que les responsables de ces atrocités répondent de leurs actes à travers la mise en œuvre d’une justice équitable et transparente, sans égard à leur statut ou à leur position politique, » a affirmé Asmaou Diallo Présidente de l’AVIPA.
Rappel des faits
Le 28 septembre 2009, environ 50 000 personnes se sont regroupées au stade du 28 septembre de Conakry pour manifester contre la probable candidature de Moussa Dadis Camara, à l’appel des Forces Vives guinéennes. Peu avant midi, plusieurs centaines d’agents des forces de sécurité guinéennes, dont des membres de la garde présidentielle communément appelés les « bérets rouges », ont ouvert le feu sur des dizaines de milliers de personnes rassemblées pacifiquement. La répression est sanglante et provoque choc et effroi : au moins 156 personnes sont tuées et 109 femmes victimes de viol ou d’autres formes de violences sexuelles y compris mutilations sexuelles et esclavage sexuel. Des dizaines de personnes sont restées portées disparues.