C’est une question qui remobilise les troupes dans les rangs de l’opposition. Le glissement du chronogramme de la Transition que défend désormais à tout-bout-de-champ le premier ministre, Bah Oury, a le don de fédérer les acteurs sociopolitiques ayant des divergences avec le CNRD et le gouvernement. C’est ainsi que depuis quelques jours, on assiste à une floraison de mouvements appelant au respect du compromis dynamique conclu avec la CEDEAO, en vertu duquel la Transition est censée prendre fin en décembre prochain. Et désormais, le Front national pour la défense de la constitution (FNDC), fer de lance de la lutte contre le troisième mandat d’Alpha Condé, se joint à cette dynamique d’ensemble. C’est dans ce cadre que Ibrahima Diallo, en charge des opérations du mouvement citoyen, était ce mardi devant la Transition pour débattre justement des enjeux et des perspectives du respect des termes du chronogramme. Point de presse dont il a profité pour dénoncer les dernières sorties du chef du gouvernement, Bah Oury, qu’il trouve « conflictogènes ».
Après avoir décrit un contexte socioéconomique plutôt sombre, Ibrahima Diallo a dit des propos que le premier ministre depuis sa nomination au poste de premier au sujet du retour à l’ordre constitutionnel qu’ils sont « conflictogènes (et) frisent l’arrogance et le mépris vis-à-vis du peuple de Guinée et de ses forces vives de la nation ».
Selon le responsable du FNDC, Bah Oury incarne aujourd’hui tous les facteurs qui ont grippé la transition depuis le début de cette dernière, à savoir l’unilatéralisme dans les prises de décision, le mépris et l’arrogance dans le discours des autorités, le rejet et l’exclusion des acteurs socio-politiques importants.
Surtout, selon lui, le premier ministre prend exactement le chemin inverse à celui qu’il aurait dû emprunter. En effet, selon Ibrahima Diallo, « le bon sens aurait voulu (…) qu’il prenne contact avec les acteurs socio-politiques pour impulser la dynamique d’un dialogue constructif afin d’évaluer de façon objective le processus et convenir, ensemble, des solutions pour apaiser la transition ».
Mais le responsable du mouvement citoyen adresse au premier ministre un message. « Il a le choix entre trouver sa place du bon côté de l’histoire ou gravé son nom dans les pages sombres de l’histoire de cette transition », lui dit-il à Bah Oury. Parce qu’au niveau du FNDC, annonce-t-il : « Nous nous opposerons fermement à toute idée de glissement de la transition par tous les moyens légaux, y compris les manifestations dans les rues et sur les places publiques, sur toute l’étendue du territoire national ».
Une concertation devrait avoir lieu pour débattre des moyens à utiliser dans le cadre de cette opposition à une prolongation unilatérale de la durée de la Transition.
Aminata Camara