Comme on le disait précédemment, le premier ministre, Amadou Oury Bah, a présenté ce lundi, devant les membres du CNT, la discours de politique générale de son gouvernement. L’occasion pour lui de partager avec la représentation nationale les grands axes du mandat à lui confié par le président de la Transition. Et il en aura profité pour, tout au long de son discours, égrené les réformes qu’il entend mener et souligner les ambitions qu’il porte. Si au niveau politique, il n’avait pas grand-chose de nouveau à annoncer, vu qu’il s’était suffisamment exprimé sur le glissement du chronogramme de la Transition, par contre, il a fait quelques annonces dans d’autres secteurs. Des annonces dont certaines peuvent trahir une volonté de demeurer en place plus longtemps encore. Ici, nous faisons le tour des annonces essentielles, notamment celles qui sont les plus concrètes.
La politique générale que son gouvernement entend mener, Bah Oury la relie intrinsèquement à la lettre de mission que le président de la Transition lui a assignée. Lettre de mission dont un des extraits est ainsi libellé : « Au regard des anomalies institutionnelles accumulées depuis plusieurs décennies avant la rectification institutionnelle, vous contribuerez, à la fois, à apprendre de nos erreurs et à mettre en place une constitution et des institutions fortes qui résistent au temps et à la tentation des hommes ». Lettre de laquelle il ressort également ce qui suit : « Nos concitoyens attendent de l’Etat une autorité renouvelée, et plus d’efficacité dans l’action publique, et ils souhaitent aussi plus de transparence, plus de débats démocratiques, et plus de simplicité. Ils veulent que l’action publique soit au service de l’intérêt général et non seulement au service des intérêts particuliers. Les guinéens aspirent profondément à une République irréprochable où chaque citoyen profite des dividendes de la prospérité ». Mais à son niveau, le chef du gouvernement dit être arrivé à la conclusion que toutes les missions à lui confiées se ramènent à un « appel au changement afin de mettre l’Etat au service du citoyen. Cette démarche est un tournant majeur dans l’histoire de l’Etat guinéen. Ce changement de paradigme est le trait marquant de l’orientation de cette présente déclaration de la politique générale du Gouvernement ». Et c’est en vue d’accomplir cette mission là qu’il a fait les annonces suivantes :
Face aux sinistrés de Coronthie, le gouvernement droit dans ses bottes
En ce qui concerne les sinistrés de Coronthie, à la suite de l’explosion, en décembre dernier, du principal dépôt pétrolier du pays, le gouvernement ne recule pas. Les protestations de Mamadou Cifo Kè Touré n’y changeront rien. « Un programme de soutien en faveur de 55 concessionnaires et 322 locataires a été initié par le Gouvernement. Cet accompagnement leur permettra de bénéficier d’un appui au relogement sur une période de 24 mois pour les propriétaires et de 7 mois pour les locataires. C’est une démarche inédite et exceptionnelle pour tous ceux qui ont en mémoire le déguerpissement de Kaporo-Rail à titre d’illustration. Le Gouvernement entamera dans les meilleurs délais la reconstruction des zones les plus touchées selon le schéma directeur de la presqu’île de Kaloum en instituant le mécanisme du bail-partage afin que les concessionnaires soient juridiquement accompagnés et que leur patrimoine immobilier soit protégé. De plus, des microcrédits seront accordés à 1 000 femmes affectées par l’incendie de Coronthie, afin de stimuler leurs activités économiques. Nous prévoyons également la réalisation de trois centres d’autonomisation pour accueillir et outiller 1 500 filles vulnérables », a indiqué en substance le premier ministre.
Education, de grandes ambitions
Manifestement, le secteur éducatif relève de la priorité du gouvernement Bah Oury. En tout cas, dans son discours de ce lundi, il lui a réservé des annonces importantes. « Les allocations budgétaires du sous-secteur de l’enseignement pré-universitaire seront augmentées afin de renforcer les capacités et doter les services en moyens matériels et logistiques. Un programme d’appui pour la création de 20 000 emplois est en perspective, ainsi que la construction de plusieurs autres infrastructures dont, huit (8) bibliothèques modernes dans les régions administratives, 18 coins de lecture dans les six communes de Conakry, 46 centres d’alphabétisation, quatre (4) centres de formation continue, quatre (4) lycées technologiques et techniques dans les régions ; ainsi que la construction de quatre (4) grandes universités à Conakry, Kankan, Labé et N’zérékoré », a-t-il annoncé.
Emploi et entrepreneuriat jeune
Outre l’éducation, la prise en compte des problématiques touchant à la jeunesse se matérialisant dans la création de l’emploi et les mesures favorisant l’entrepreneuriat jeune. Une des annonces phare dans ce domaine, c’est la création « d’une banque d’investissement pour l’entreprenariat des jeunes ». S’y ajoutent la planification du recrutement de 20 000 fonctionnaires et la création d’opportunités d’emplois aidés pour 20 000 jeunes dans le secteur privé, soit un total de 40 000 nouveaux emplois.
En matière de couverture sociale et sanitaire, le premier ministre promet en outre, l’extension de la prise en charge effective des agents de l’État, aux secteurs informels et aux professions libérales, à hauteur de 80 %.
Salubrité et assainissement
Sur le front de la lutte contre l’insalubrité, le chef du gouvernement entend s’appuyer sur des « solutions durables qui englobent tous les acteurs locaux, y compris les délégations spéciales et les PME (qui permettent de) non seulement les défis immédiats des pluies saisonnières mais également à garantir la pérennité de notre environnement urbain pour les générations futures ». Et c’est dans cadre qu’il annonce, au-delà de la construction du Centre d’enfouissement technique de déchets de Kouriah, le lancement de la réalisation de 26 forages équipés de pompe à motricité humaine. Et même, dit-il : « Nous ambitionnons de lancer très prochainement la construction d’usines de traitement des déchets ménagers afin de les transformer en énergie et en engrais organiques ».
Infrastructures
S’il vante tout particulièrement le bilan de la Transition dans le secteur des infrastructures, Bah Oury promet que son gouvernement poursuivra l’œuvre du CNRD. A ce titre, selon lui, le gouvernement ambitionne de réaliser les travaux suivants :
- Le Corridor Sud, en Autoroute le long du chemin de fer du projet Simandou jusqu’à la frontière avec la Côte d’Ivoire ;
- Le Corridor Nord, Boké-Gaoual-Labé-Tougué-Dinguiraye-Siguiri-Frontière avec la République du Mali ;
- La construction des routes nationales RN6 Kankan-Kissidougou (longues de 190 km) et (RN23) Boké-Gaoual (longue de 185 km) ;
- La relance des travaux de réhabilitation de la route nationale Mamou-Faranah et de la route nationale Mamou-Labé ;
- Construction de la route d’intégration sous-régionale Kankan-Kérouané-Beyla Sinko frontière avec la Côte d’Ivoire ;
- La construction de la première raffinerie d’or à Gbessia, actuellement à 40 % de réalisation ;
- La construction de la raffinerie d’alumine d’une capacité d’un million de tonnes par an dans la région de Boké, par la société Alteo Raffinerie Guinée (ARG).
Energie
En matière d’énergie, pour améliorer la desserte en courant électrique, le premier ministre annonce que son équipe a « engagé des discussions avec d’autres partenaires pour le développement en Guinée de 500 MW d’énergie solaire. L’objectif à moyen terme est de disposer d’une capacité additionnelle d’énergie mixte d’au moins 1 Gigawatt ».
Eau
Pour ce qui est de l’adduction d’eau, le chef du gouvernement annonce, là aussi, que son gouvernement a « bouclé le financement de la 1ère phase pour l’adduction d’eau du grand Conakry pour un montant de 500 millions de dollars américains ».
Le projet Simandou
Qu’est-ce qu’on ne sait pas encore du projet Simandou ? En réalité, très peu de choses. Du coup, le premier ministre s’est borné à rappeler que ce gigantesque projet dont le coût de la construction varie entre 17 et 18,5 milliards de dollars américains, et dont capacité de production pourrait aller jusqu’à 100 millions de tonnes de minerais de fer par an, pourrait générer jusqu’à 120 000 emplois dont 11 000 sont déjà effectifs à date.
Diplomatie et coopération internationale
Enfin, sur le front diplomatique, le premier ministre, Bah Oury, annonce la « création prochaine de l’Institut International de Coopération Sud-Sud et Triangulaire à Conakry appuyée par le Groupe des 77 + la Chine ». Dans le même sillage, en vue de la prise en compte et de l’implication de la diaspora guinéenne dans le processus de développement du pays, le chef du gouvernement annonce que le ministère en charge de la coopération internationale et des Guinéens de l’étranger sera « sera responsable de l’organisation courant 2025 d’une semaine de la diaspora guinéenne, afin d’établir une plateforme d’échange et de collaboration qui permettra de valoriser leurs expériences et leurs offrir des opportunités d’investissements chez eux ».
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