Moins d’une semaine après l’entrée en vigueur de la décision gouvernementale suspendant l’exploitation artisanale de l’or et du diamant, pendant cette période, les impacts commencent à se manifester à Mandiana, ville par excellence de l’exploitation artisanale de la Haute-Guinée. Tel est le constat que dresse le correspondant du Djely dans la région, à l’issue d’un tour dans le Wassolon.
L’interdiction de l’exploitation artisanale de l’or suscite de vives inquiétudes chez les habitants de la préfecture Mandiana. Cette exploitation, plusieurs citoyens de cette ville en sont dépendants. Du monde contraint à demeurer sans emploi désormais. De ceux qui exploitaient directement le métal jaune des carrières, jusqu’aux femmes restauratrices dont les maigres recettes résultaient de la petite économie bâtie autour de l’exploitation et du commerce des quelques pépites sorties des carrières, tout le monde éprouve subitement des difficultés financières sans précédent.
« L’arrêt de l’exploitation artisanale de l’or est aujourd’hui un véritable problème pour nous. Il est vrai que nous y sommes contraints, mais nous en sommes vraiment affectés. Déjà, avant l’arrêt, nous étions dans des difficultés, car dans tout Mandiana, il n’y avait pas une mine artisanale où l’or était abondant. Les gens se débrouillait avec le peu qu’ils gagnaient, mais l’arrêt vient encore empirer la situation. Les commerçants également se retrouvent en difficulté, car la plupart des citoyens de Mandiana qui font des achats, ne pratiquent que l’orpaillage artisanal », se plaint Sidiman Fofana, commerçant.
Ce n’est pas que quelqu’un conteste la décision. Mais tous sont unanimes que cette dernière ne demeurera pas sans conséquences. « Le fonctionnement de tous les secteurs d’activités de la Haute-Guinée repose sur l’exploitation artisanale de l’or qui est une pratique ancestrale. Donc, le fait d’arrêter cette activité risque de perturber beaucoup d’autres d’activités. C’est une chaîne de défiance économique qui est en train de se créer. Parce que si les vendeurs d’or existent, c’est parce qu’il y a des travailleurs dans les champs de mines artisanales ; et si les fondeurs de l’or travaillent, c’est parce qu’il y a des vendeurs d’or qui en gagnent ; et enfin, si le commerce et d’autres activités bougent, c’est parce que l’argent circule entre les citoyens. Bref, cette décision est un véritable coup dure pour toutes les activités dans la région », avertit, Moussa Babila Kanté, président des fondeurs de l’or de Mandiana.
Outre cette conjoncture économique et le ralentissement de la vie économique, la crainte de certains citoyens est le risque de la perturbation de la tranquillité publique. « Nous ne pouvons absolument rien contre la décision du président, mais la seule chose qui nous préoccupe beaucoup est la multiplication du grand banditisme. Quand l’exploitation artisanale de l’or est interdite, cela met plusieurs centaines de citoyens au chômage, et les conséquences de cela peuvent engendrer le grand banditisme comme dans le passé. Nous demandons au président de la République d’avoir pitié de nous et réglementer le secteur afin que les activités reprennent », plaide Mamadou Diakité.
Michel Yaradouno, Kankan pour ledjely.com