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Sahara occidental : Paris mise sur Rabat…

Au regard des rapports souvent difficiles entre l’Algérie et la France, le virage opéré par Emmanuel Macron au sujet du sensible dossier du Sahara occidental est plutôt osé. Osé et sans équivoque. En effet, dans le message que le président français a dressé au roi Mohamed VI, à l’occasion des 25 ans de l’accession de ce dernier au trône ne fait nullement dans la nuance. Rendu public par le palais royal, le message d’Emmanuel évoque de manière explicite la « souveraineté marocaine » sur le territoire saharaoui. Et la conséquence implicite est que « l’autodétermination » par les Saharoui eux-mêmes, soutenue par Alger n’est plus une option pour Paris. Comme on pouvait s’y attendre, la réaction n’a pas tardé. La nouvelle aussitôt rendue publique, l’Algérie rappelait son ambassadeur basé à Paris, avec effet immédiat. S’il est difficile à date d’identifier tous les facteurs qui pourraient avoir poussé les autorités françaises à rompre avec l’équilibre précaire qu’elles ont jusqu’ici adopté, on peut par contre noter que le choix de la France vient s’ajouter à d’autres revers diplomatiques du genre essuyé par Alger.

De plus en plus, les Algériens sont en train de perdre la main sur le dossier saharoui. A l’inverse, la diplomatie marocaine a de quoi se réjouir. Parce que ces dernières années, elle a engrangé des progrès indéniables sur ce dossier sensible qui divise le royaume chérifien et son voisin algérien. C’est d’abord Donald Trump qui, en 2020, avait opéré le premier pas en reconnaissant la marocanité du Sahara occidental. Mais à l’époque, c’était en contrepartie de la promesse de Rabat de renouer avec l’Etat d’Israël. Puis, l’Allemagne, depuis le départ d’Angela Merkel, est plus sensible à l’argumentaire des Marocains. De même, en 2022, le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez se retrouvait dans l’obligation de s’aligner sur la position marocaine, afin de mettre un terme aux brouilles diplomatiques avec Rabat. Ainsi, pour Alger, Paris n’est qu’un revers de plus. Même si cette pilule-là est de loin la plus difficile à avaler pour la diplomatie algérienne. Parce qu’un tel choix suppose que les autorités françaises qui n’ont que très laborieusement réussi à rétablir les liens avec les Algériens, sont prêtes à assumer les conséquences qui pourraient survenir. C’est dire que Paris a dû faire un arbitrage entre les avantages et les inconvénients pour conclure qu’elle a plus à gagner en misant sur Rabat. Ce qui n’a rien de flatteur pour Alger qui entend pourtant jouer parmi les grands du continent africain.

Mais au-delà des leçons que l’Algérie doit tirer de ces revers diplomatiques, il importe de savoir où l’Afrique et ses institutions sont dans ce débat. A l’heure où le discours en vogue est celui de la souveraineté du continent, comment expliquer que cette crise se joue davantage à Washington, Berlin, Madrid ou Paris et non à Addis-Abeba ? Cette interrogation parait d’autant plus cruciale que ces dernières années, Alger et Rabat, toutes deux, non cessé de manifester leur intérêt pour la partie sub-saharienne du continent. Ainsi, dans la crise du Niger consécutive au coup d’Etat du 26 juillet 2023, les autorités algériennes avaient pesé de tout leur poids pour éviter l’effectivité de l’intervention militaire que préconisait la CEDEAO. De même, on sent les entreprises marocaines très intéressées par le marché de l’Afrique sub-saharienne en général et celui de l’espace CEDEAO en particulier. A ces occasions, ils manifestent volontiers leur africanité. Mais quand il s’agit de la crise saharaouie, c’est à des acteurs extérieurs au continent d’intervenir. A leur décharge, il faut admettre que les instances africaines dont l’Union africaine, ne sont pas non plus très promptes à faire leur offre. Or, quand vous ne vous acquittez pas de votre devoir, celui-ci peut être accaparé par quelqu’un d’autre et pour des motifs qui ne sont pas toujours très nobles.

Boubacar Sanso Barry

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