Le mois d’octobre est considéré comme un mois consacré à la sensibilisation et au dépistage du cancer du sein. Une maladie très fréquente chez la couche féminine et qui reste méconnue par plusieurs d’entre elles, continue de faire ravage. Justement, c’est dans cette dynamique que la rédaction du Djely a rencontré Dr Alhassane Touré, cancérologue en service au Centre national de formation sociale appliquée de Jean-Paul II, pour évoquer cette maladie.
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Ledjely.com : Qu’est-ce que le cancer du sein ?
Dr Alhassane Touré : Le cancer du sein, c’est une tumeur maligne développée aux dépens de la glande mammaire. En Guinée, chaque année, plus de 700 personnes sont diagnostiquées de cette maladie et environ 400 personnes en meurent.
Quels sont les signes ou symptômes du cancer du sein ?
La déformation du sein, soit on a un gros bras. Toute femme qui voit qu’elle a un gros bras, un lymphœdème de membre, ça peut être ainsi d’un cancer du sein. Toute femme qui regarde au niveau de ses aisselles, il voit une volumineuse masse même s’il ne voit pas de masse au niveau du sein, mais il voit une volumineuse masse au niveau des aisselles, ça peut suspecter un cancer du sein. Si elle voit que le sein est sous forme de peau d’orange, ça peut aussi être un cancer du sein.
Quelles pourraient être les causes de cette maladie ?
Pour 80% des femmes, le cancer du sein se développe entre 45 à 65 ans. Il y a les facteurs liés au mode de vie tel que la consommation de l’alcool, le tabac, le surpoids. L’inactivité physique, tous ces éléments concourent à un développement d’un cancer du sein. Il y a aussi ce qu’on appelle le facteur de cancer lié à la famille. On appelle ça les antécédents familiaux ou les antécédents personnels. Les antécédents personnels, une femme qui a déjà eu un cancer, peux avoir encore un autre cancer du sein. Les antécédents familiaux, il y a les antécédents familiaux du premier degré et du 2ème degré. Pour le premier degré cela veut dire qu’une femme dont la maman, la sœur a fait un cancer avant la ménopause à un risque de développer un cancer du sein. Maintenant, il y a les facteurs du 2ème degré, ça, c’est la grand-mère, les tantes. Il y a aussi ce qu’on appelle, les facteurs liés à la génétique aussi, certaines femmes ont cette gêne. Les jeunes femmes qui ont des menstruations précoces, ça veut dire une femme qui commence à voir ces règles avant 11 ans peut avoir le cancer du sein, il y a les femmes qui ont les seins denses, c’est des facteurs de risque.
On dénombre combien de type de cancer du sein ?
Il y a plusieurs types de cancer du sein. Les plus fréquents, il y a : le cancer du sein hormonodépendant ; le cancer du sein triple négatif ; le cancer du sein HER2 surexprimé ; le cancer du sein métastatique.
Que faut-il faire quand on a le cancer ?
Dans notre service, quand la jeune fille vient, on fait ce qu’on appelle un examen clinique, on examine le sein cliniquement, on touche une masse de sein. Quand on arrive à palper une masse de sein, il y a des examens biologiques paracliniques qu’on demande si c’est une jeune fille de 10 ans, de 18 à 19 ans ou 20 ans le plus souvent. D’abord, on demande le premier examen qui est l’échographie. On demande l’échographie qui va voir la nature structurale de la masse. Et si c’est une femme de 30 ans, de 39 ans, 40 ans, 45ans ou 50 ans, on demande ce qu’on appelle la mammographie, c’est ce qui est indiqué. Parce qu’il faut savoir que quand les seins sont trop denses, la mammographie ne donne pas beaucoup de bonnes résolutions. Donc, quant à la mammographie, elle vient compléter l’examen clinique pour dire que oui, il y a probablement une suspicion d’une masse. Cette masse-là peut être un cancer du sein. Il y a ce qu’on appelle le 2ème examen qu’on fait, ça c’est la biopsie. On ne peut dire qu’une femme a un cancer du sein tant qu’on n’a pas fait la biopsie et que l’histologie est revenue en faveur. Chez nous, c’est un diagnostic primordial.
A quel stade du cancer procède-t-on à l’incision du sein ?
En général, pour le stade 1 et 2 le traitement il est chirurgical parce que la maladie n’a pas trop de volume, elle est locale. Mais en général, quand la maladie est métastatique, c’est un traitement disons palliatif. Parce que si on dit métastases, ça veut dire que la maladie a évolué, s’est propagée au niveau des poumons et du cerveau.
Quelles sont les chances de survie quand on a le cancer du sein ?
Les patients ont la chance de survivre si le cancer est détecté à temps, car le stade 1 et 2 ont un pourcentage de 80 à 90%, mais le stade métastatique, c’est vraiment à 30%. Parce que le plus souvent la maladie s’est propagée donc de fois dans les poumons, le cerveau, donc là-bas, la survie est disons dans les 30 %.
Et comment se fait la prise en charge pour des malades atteintes de la pathologie ?
Chez nous, l’État ne prend pas en charge les produits de la chimiothérapie, même les produits anesthésiques ou les produits de la chirurgie. Chaque malade paye, maintenant, y a des malades qui ont des prises en charge, mais ceux qui n’ont pas de prise en charge payent de leur poche. C’est un plaidoyer qu’on demande à l’État de subventionner la chimiothérapie parce que dans les autres pays, la chimiothérapie est subventionnée, pour aider les femmes.
Que faut-il pour se prémunir de cette maladie ?
L’alimentation, c’est un facteur de risque aussi de cancer du sein. C’est pour cela, on demande aux malades, aux gens, de ne pas fumer, zéro tabac, zéro alcool, c’est l’OMS qui l’a dit. Il faut manger 5 légumes et fruits par jour, 30 minutes d’activité, tout ça là ça conduit à réduire un peu la graisse. Un corps sain, c’est encore en activité. Donc, ce n’est pas dit que le cancer empêche une bonne alimentation, non, on mange ce qu’on veut, mais on doit surveiller son poids parce que parfois, le poids, c’est un facteur à risque.
Interview réalisée par Djenab Mara