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COP 29 : l’Afrique devrait boycotter cette grande farce

Ce lundi 11 novembre, s’ouvre à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, la 29ème conférence des Nations unies réservée au changement climatique. Une rencontre qui, sur le papier, promet de débattre de la délicate question du financement de l’adaptation des pays en voie de développement au changement climatique. Mais dans les faits, personne ne se berce d’illusion. Parce que cette lancinante question de la mobilisation du financement en faveur des pays en voie de développement traine, malgré les engagements forts pris à l’issue de la COP 21 de Paris, en 2015. Les nations développées, principales émettrices de gaz à effet de serre et conséquemment grands responsables du changement climatiques, se sont certes engagées à mettre la main à la poche. Parce qu’il est évident qu’ils se rendent coupables d’injustice à l’égard du reste du monde, avec toutes les catastrophes d’origine climatique auxquelles nous assistons de plus en plus. Mais d’une rencontre à une autre, les engagements ne sont pas honorés. C’est à croire qu’il s’agit d’un jeu de dupes. Voilà pourquoi la pertinence de la participation notamment de l’Afrique à ces fora sans lendemain est à interroger.

Le changement, ce n’est plus une lubie de Blancs

Bien sûr, en Afrique, la notion du changement climatique n’est plus un concept exotique. Ce n’est plus une lubie de Blancs, comme on a plus le penser il y a quelques années, dans certaines contrées du continent africain. Avec les pics de chaleur qu’on a enregistrés l’année dernière à Bamako, Ouagadougou, Conakry ou même Dakar, les citoyens ont pris conscience de la réalité du phénomène du dérèglement climatique. D’autant qu’à ces chaleurs extrêmes, ont succédé il y a quelques mois des inondations dévastatrices dans ces mêmes capitales. Inondations qui ont détruit de vastes champs agricoles et laissé de millions de personnes dont des femmes et des enfants, sans abri. Or, en cette fin d’année, on a commencé à nouveau à étouffer à Conakry et dans bien d’autres pays du continent. Bref, désormais, l’Afrique subit le changement climatique de plein fouet. Ce qui fait qu’elle est en principe particulièrement intéressée par le sommet qui s’ouvre ce lundi à Bakou. D’autant que ces pics de chaleur, ces inondations et les tempêtes meurtrières, elle les subit sans être responsable. Tout au contraire.

Des financements qui n’arrivent pas

Peu ou pas du tout du tout industrialisée, l’Afrique n’émet pratiquement pas de gaz à effet de serre. Sa part n’excédant pas 4 % de l’émission globale. Il se trouve qu’en outre, on voudrait qu’elle intègre la transition énergétique à son processus de développement. Rien d’anormal en soi. Sauf que cette transition, elle-même, à un coût que le continent africain, en proie à des défis primaires, ne peut pas supporter. Et c’est là que devait intervenir le financement que les plus pollueurs ont promis de mobiliser. Eux qui, utilisant les énergies fossiles depuis des années, ont eu le temps de se hisser au sommet de la pyramide. Mais ils doivent assumer les conséquences de leurs actes. Tel est le principe sur lequel le mécanisme a été bâti. Sauf que les financements n’arrivent pas, en dépit des professions de foi sans cesse renouvelées. A la COP 15 de Copenhague, en 2009, il a été convenu que tous les ans, les pays développés mobiliseraient 100 milliards de dollars en faveur des pays sous-développés. Engagements qui avaient été réitérés en 2015, à l’occasion de la COP 21, pour la période 2020-2025. Et c’est alors que cette promesse n’a donc pas été respectée que les pays en développement estiment aujourd’hui qu’ils ont besoin d’un montant se situant entre 100 et 1300 milliards de dollars.

Solutions endogènes

L’Afrique devrait donc se détourner de ces rencontres où tout se limite aux grandes annonces. Le défi climatique étant quelque chose de réel pour eux-mêmes, les Africains devraient explorer des solutions plus endogènes. Ce qui pourrait passer dans un premier temps, par une authentique prise de conscience des décideurs politiques par rapport au phénomène du changement climatique. Ensuite, une vaste campagne de sensibilisation devrait amener les populations du continent à s’approprier la problématique que pose le changement climatique. Enfin, suivant une approche empreinte de respect mutuel et de transparence, on devrait amener les acteurs économiques locaux à s’impliquer dans la prise en charge des défis résultant du changement climatique. Le recours aux ressources internes pourrait être davantage porteur que cette tendance à aller se promener dans les couloirs de ces rencontres internationales qui ne nous rapportent que des promesses mielleuses et des tonnes de photos nombrilistes sur les réseaux sociaux. L’Afrique devant enfin comprendre que ne peut jamais se réaliser avec des subsides rapportés d’ailleurs.

Boubacar Sanso Barry

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