Le barreau de Guinée a fait sa rentrée solennelle ce vendredi 15 novembre 2024. Cette rencontre présidée par le Premier ministre Amadou Oury Bah est placée sous le thème : « Le droit comme instrument de sécurité des personnes et de développement des entreprises ». Cette cérémonie a été mise à profit par le barreau pour interpeller sur les violations de certaines libertés publiques en Guinée.
Dans son discours, Me Mohamed Souaré Diop, bâtonnier de l’Ordre national des avocats de Guinée a rappelé que « le barreau est une institution au centre de la vie de notre pays. Il est un acteur majeur du fonctionnement du service public de la justice, ardent défenseur des droits humains, des libertés et de la légalité. A ce titre, il est au centre des activités juridiques et judiciaires, tant en conseil qu’en défense. Ainsi, à notre manière, le barreau constitue le bataillon de protection des libertés fondamentales », a-t-il déclaré.
Cette rentrée solennelle du barreau de Guinée a lieu à un moment où le pays fait face à plusieurs violations de liberté publique. Des enlèvements, des arrestations arbitraires sont constatés ça et là. Face à cette situation le barreau dénonce et rappelle la nécessité du respect des fondements de la justice et des droits de l’homme.
« Le respect des libertés publiques est un élément essentiel de l’ordre public. Pour ceux qui ne le savent pas encore, pour ceux qui le savent mais qui font fi malgré tout, il n’y a pas d’ordre public là où il n’y a pas de sécurité juridique. Il n’y a pas d’ordre public non plus là où le citoyen peut être arrêté arbitrairement ou séquestré en dehors du cadre prévu par la législation pénale », a souligné Me Mohamed Diop Souaré. « Dans la perception du citoyen ordinaire, les avocats sont appréhendés comme des soldats dont la vocation première est de garantir à leur profit le respect de l’état de droit et des libertés », ajoute-t-il.
En prenant ,la parole, le Chef du gouvernement, Amadou Oury Bah a salué tout d’abord la rentrée solennelle du barreau avant de rappeler que « L’État de droit, dans le contexte de 2024, avec des perturbations, des changements, des crises systémiques un peu partout, des États en déliquescence, la liberté, le droit, dans ce contexte, nécessitent à chaque acteur de faire preuve de responsabilité. Nous sommes devant un défi majeur. Comment concilier les notions fondamentales d’État de droit, de sécurité, de liberté, lorsque le monde vacille sur ses fondamentaux, ses valeurs, ses disciplines ? Ce qui était considéré hier comme étant quelque chose d’inébranlable, sanctuarisé, devient aujourd’hui évanescent. D’où la nécessité pour nous et pour tout le monde, y compris la proposition des juristes de s’interroger. Que faut-il privilégier ? », s’interroge le Premier ministre.
Plus loin, Bah Oury ajoute : « sur le plan du droit, il est écrit que j’ai le droit de manifester dans un environnement incertain, où à chaque coin de rue, il se pourrait que les forces n’ayant pas intérêt à assurer une stabilité d’un pays, donc de la sécurité collective, peuvent l’utiliser dans un contexte où la possession des armes n’est plus un privilège de l’État en tant que tel. Donc, mes chers amis, nous sommes dans un contexte où l’homme responsable est devant un profond dilemme ».
Dans la même lancée, le Premier ministre a réitéré la volonté de son gouvernement d’accompagner le barreau de Guinée avant d’exhorter les membres à travailler dans le respect des principes déontologiques de la profession.
« À vous, chers avocats, je voudrais également adresser un appel. L’exercice de votre profession exige le respect de la loi, la déontologie, l’honnêteté, le professionnalisme et l’éthique sans faille. La solidarité entre avocats est également essentielle, notamment pour accompagner les jeunes générations qui rejoignent cette nouvelle profession », a-t-il conclu.
N’Famoussa Siby