La conduite de la transition guinéenne, la Campagne de vulgarisation de l’avant-projet de la nouvelle constitution, la répression des libertés individuelles, l’éventuelle candidature du Général Mamadi Doumbouya à la prochaine présidentielle, sont entre autres sujet débattus ce lundi 18 novembre 2024, par le Président du MoDeL Aliou Bah en compagnie de plusieurs autres acteurs de la vie sociopolitique guinéenne lors de l’enregistrement de l’émission Appels sur l’actualité.
Interrogé au sortir de cette émission, Aliou Bah, a tout d’abord, critiqué l’absence du Premier ministre à cette rencontre, un choix qu’il a interprété comme un signe de malaise au sein du gouvernement. Pour Aliou Bah, cette absence illustre une stratégie d’évitement de la part des autorités. Il a affirmé que le gouvernement cherche à fuir le débat public, ce qui refléterait, selon lui, une incapacité à défendre ses positions de manière transparente. « Nous pensons que ce gouvernement ne peut plus défendre un certain nombre de choses objectivement. Donc, ils pensent que c’est une fuite en avant qu’il faut avoir. Ils veulent se cacher de l’opinion, raison pour laquelle ils sont en train de museler les médias. S’ils avaient des choses objectivement défendables, c’est sûr qu’ils seraient venus », fait-il remarquer.
Sur la question de l’avant-projet de la nouvelle constitution, Aliou Bah a dénoncé ce qu’il perçoit comme une manipulation orchestrée par le gouvernement. « Il n’y a pas de vulgarisation de l’avant-projet de la nouvelle constitution. C’est une campagne déguisée de promotion de la candidature du chef de la junte. J’étais à l’intérieur du pays, nous vivons les choses de près. Les populations ne se sentent pas concernées, c’est plutôt l’administration locale sur qui on met la pression pour mobiliser les gens, fermer les écoles, sortir des enfants qui ne connaissent rien du tout d’un texte constitutionnel et faire de la propagande », a-t-il affirmé.
Même s’il ne s’est pas officiellement prononcé sur le sujet, des acteurs soupçonnent Général Mamadi Doumbouya de mûrir des ambitions présidentielles. Le leader du MoDeL espère que le président de la Transition va situer les Guinéens sur cette question précise d’ici la fin de l’année.
«Pour nous , il n’y a pas de super-Guinéen , Moussa Dadis Camara est en prison aujourd’hui pour avoir voulu confisquer le pouvoir. Nous étions un peu plus jeunes à l’époque . On s’était mobilisés, le Premier ministre actuel et certains membres du gouvernement étaient avec nous dans la rue. Ce qu’on n’a pas accepté pour le capitaine Dadis Camara, on ne va pas l’accepter pour le Général Doumbouya. Il n’est pas plus guinéen que Moussa Dadis Camara. Pour le moment il ne s’est pas exprimé, j’espère qu’avant la fin de l’année, il va avoir un message très clair qui l’amènera à respecter son engagement», souligne-t-il.
La junte guinéenne se caractérise également par l’interdiction systématique des manifestations politiques contre la conduite de la Transition à l’inverse des manifestations de soutien qui deviennent de plus en plus fréquentes en Guinée. Une situation que le président du MoDeL dénonce vigoureusement et annonce la mise en place prochaine d’autres stratégies. « Toutes les options sont possibles. Le droit de manifester est consacré par la loi, cela ne doit pas nous effrayer. Mais nous ne prenons pas la rue comme la première option. Nous travaillons sur beaucoup d’autres options », rassure-t-il.
Thierno Amadou Diallo