L’arrestation brutale du journaliste et éditorialiste Habib Marouane Camara, administrateur général du site Le Révélateur224.com, par des gendarmes à Lambanyi continue de provoquer une vague d’indignation au sein de la corporation journalistique guinéenne. Plusieurs confrères, choqués par cet acte, ont exprimé leur colère et dénoncé une répression croissante contre la presse sous la transition actuelle.
Habib Marouane Camara, connu pour ses enquêtes et ses éditoriaux critiques, a été arrêté le mardi 3 décembre 2024, alors qu’il se rendait à un rendez-vous avec l’homme d’affaires Kerfalla Person Camara (KPC).
Pour Lamine Kaba, journaliste au site Guineematin.com et ancien reporter à Espace TV, cet acte illustre une volonté claire des autorités de réduire au silence toutes les voix critiques. « L’arrestation de Marouane démontre une fois de plus la volonté des autorités de la transition de faire taire toutes les voix dissonantes. Elle est une preuve éloquente que le CNRD est dans une posture de clouer le bec à toutes les personnes qui, un tant soit peu, peuvent offrir une autre lecture de la transition », a-t-il déclaré. Il a également exprimé ses craintes quant au sort de Habib Marouane Camara, tout en rappelant les cas similaires de Foniké Menguè et Billo Bah, disparus depuis leur arrestation en juillet dernier. « Le peuple de Guinée et la communauté internationale doivent prendre leurs responsabilités avant qu’il ne soit trop tard », a-t-il insisté.
Thierno Mamoudou Diallo, journaliste à Nostalgie FM Guinée et administrateur de Karakannews.com, a dénoncé une atteinte grave aux droits fondamentaux et un musèlement systématique des médias. « Cette interpellation intervient quelques heures seulement après la condamnation de Bakary Gamalo Bamba, un autre journaliste d’investigation. Ça commence à être de trop », a-t-il regretté. Il appelle le ministre de la Justice et le haut commandant de la gendarmerie à garantir l’intégrité physique et morale de Habib Marouane Camara et exige sa libération immédiate. « Je condamne cette pratique d’un autre âge et j’invite les journalistes à une union sacrée pour contrer cette volonté manifeste de museler la presse », a-t-il ajouté.
Babanou Timbo Camara, journaliste à Soleil FM Guinée et administrateur de Guinéesouverain.com, a également fustigé cette arrestation, qu’il qualifie de recul pour la démocratie et la liberté de la presse. Il a rappelé que cet acte est une violation flagrante des règles établies par la Charte de la transition et l’avant-projet de la nouvelle Constitution. « Marouane est un éditorialiste, un lanceur d’alerte. Il avait récemment déclaré qu’un commando était à sa recherche. Tout cela montre qu’il est ciblé pour ses opinions. Il faut agir vite pour éviter un drame », a-t-il averti, tout en appelant les autorités à honorer leurs engagements pour garantir la liberté d’expression.
Depuis plusieurs mois, les journalistes et les activistes en Guinée subissent une pression accrue de la part des autorités de transition. Outre les disparitions de Foniké Menguè et Billo Bah, des arrestations arbitraires comme celles de Bakary Gamalo Bamba, condamné à deux mois de prison, illustrent un contexte de plus en plus hostile pour les médias et la société civile.
Alors que la transition avait promis, le 5 septembre 2021, de restaurer les valeurs démocratiques, les observateurs dénoncent un recul inquiétant des libertés fondamentales. L’arrestation de Habib Marouane Camara apparaît comme un symbole supplémentaire de cette régression.
Les journalistes guinéens, à travers des associations professionnelles comme le SPPG (Syndicat de la presse privée de Guinée), demandent une mobilisation générale pour défendre la liberté de la presse et exiger la libération immédiate de leur confrère. La balle est désormais dans le camp des autorités, qui devront prouver leur engagement à respecter les droits fondamentaux, sous peine de perdre davantage de crédibilité face à une population et une communauté internationale de plus en plus préoccupées.
Thierno Amadou Diallo