Le 1er décembre, un match de football à N’zérékoré a tourné au drame, provoquant la mort d’une cinquantaine de personnes. Amnesty International a rappelé les autorités guinéennes à tenir leur engagement de mener une enquête « indépendante et impartiale » pour déterminer les causes exactes de ces tragédies.
Le bilan officiel provisoire communiqué par le gouvernement fait état de 56 morts, mais ce chiffre est largement contesté. Des organisations de défense des droits humains locales estiment à 135 le nombre de décès, avec une cinquantaine de personnes toujours portées disparues. Ces organisations se basent sur des témoignages et le recensement des enterrements. « Le nombre d’enterrements depuis les incidents dans plusieurs cimetières de la ville dépasse le bilan annoncé par les autorités », a déclaré un témoin interrogé par Amnesty International.
La catastrophe qui a été déclenchée par un différend sur l’arbitrage du match a poussé les forces de l’ordre à intervenir en utilisant des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, provoquant un mouvement de panique. La panique a poussé les spectateurs à se diriger en masse vers une seule grande porte de sortie, causant une bousculade meurtrière.
Amnesty International souligne que l’usage de gaz lacrymogène, s’il n’est pas strictement encadré, peut mettre en danger la vie des civils. Selon l’Observation générale 37 des Nations unies sur le droit de réunion pacifique, ce type de recours ne devrait être envisagé qu’en dernier ressort et après sommation. « L’enquête annoncée par les autorités devra notamment déterminer si tous les efforts raisonnables ont été entrepris par les forces de l’ordre pour limiter les risques pour la foule », a affirmé Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
En plus du silence des autorités sur le drame, la restriction de l’accès à Internet dans la ville de N’zérékoré pendant une semaine a suscité de vives critiques. Amnesty International dénonce une atteinte au droit à la liberté d’expression et d’accès à l’information. « Depuis 2020, les autorités successives ont régulièrement coupé Internet », a rappelé l’organisation, en soulignant que ces pratiques violent un arrêt de la Cour de justice de la Cédéao rendu en octobre 2023.
Toutefois, les circonstances dramatiques de l’événement posent de sérieuses questions sur la gestion sécuritaire et la responsabilité des forces de l’ordre. Amnesty International insiste sur la nécessité d’une enquête « transparente et impartiale» pour établir les responsabilités et éviter que de telles tragédies ne se reproduisent. Les familles des victimes et la société civile attendent des réponses claires et des mesures concrètes pour que justice soit rendue.
Thierno Amadou Diallo