Face à la presse, mardi à Conakry, le leader du Bloc libéral Dr Faya Millimono, discret sur la scène politique vis-à-vis de la conduite de la transition entamée en Guinée depuis le 5 septembre 2021, a fait une sortie médiatique, dirait-on « osée », sur la gestion du processus de la transition.
Donné favorable à la junte militaire au pouvoir par une partie de l’opinion, le leader du Bloc liberal a estimé lors de cette rencontre avec les médias que le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, dévie peu à peu de sa mission originelle. Il soupçonne ce dernier d’entretenir un flou artistique sur son avenir à la tête de la Guinée. Pourtant, après le coup d’État, le message était clair. Aucun membre du CNRD n’allait se présenter aux échéances devant mettre fin à la transition. Mais plus les jours passent, plus la fin de la transition s’éloigne et les ambitions deviennent grandes.
« Le président Doumbouya a mis sa main sur le Coran et sur la Charte pour jurer qu’il ne sera pas candidat, qu’aucun de ses collègues du CNRD ne sera candidat, qu’aucun membre du gouvernement ni du CNT ne sera candidat. Mais aujourd’hui, on veut faire le Alpha sans Alpha. Je ne crois pas si Mamadi Doumbouya peut faire aussi bien le machiavélisme qu’Alpha », soutient Dr Faya Millimono.
Cependant, le leader du Bloc libéral pense encore possible de revenir aux fondamentaux de la transition en respectant l’agenda politique conclu avec les partenaires de la Guinée.
« Le 5 septembre 2021, un agenda a été mis en avant. Que cet agenda est encore d’actualité dans notre pays. Autrement dit, les Guinéens ont encore soif de justice. Malheureusement, la boussole s’est perdue. Les Guinéens ont encore soif de sécurité, aujourd’hui l’insécurité est galopante, les Guinéens voulaient l’unité, aujourd’hui on est en train de nous diviser… », dit-il. Mais, poursuit Faya Millimono, « on a quitté l’agenda, on est dans autre chose qui ne s’appelle même plus période transitoire, ça s’appelle refondation, ensuite ça s’appelle Simandou 2040 », affirme-t-il.
Par ailleurs, l’acteur politique se dit ouvert à une quelconque initiative de redéfinition de la période de transition en Guinée avec la participation de tous les acteurs sociopolitiques du pays.
« Nous avons dit que, puisque la fin de cette période transitoire phase un est en train de finir, le 31 décembre, il faut proposer une renégociation pour une rectification des choses. Maintenant, si le message est entendu, tous les Guinéens devraient être invités autour de la table pour discuter de la Guinée et s’entendre sur une période courte », soutient Dr Faya Millimono.
S’agissant de la nouvelle constitution, il estime opportun de réhabiliter l’une des constitutions les plus consensuelles, en particulier celle de 2010. « Parce que celle de Dansa, elle a commencé la course trop loin », indique-t-il.
Fatima Zahra