Karamo Lancinè Traoré, le quinquagénaire, est aveugle, marié et père de quatre enfants. Malgré son handicap visuel, contrairement à certains qui se livrent à la mendicité, ce père de famille a aménagé un espace cultivable au quartier Banankoroda près du fleuve Milo dans la commune urbaine de Kankan. Il y cultive plusieurs variétés de plantes pour subvenir à ses besoins et ceux de sa famille.
C’est un non-voyant qui fait exception dans la commune urbaine. Accompagné de ses enfants et de ceux de ses frères qui vivent avec lui, chaque jour Karamo Laciné Traoré se retrouve dans son jardin qu’il a aménagé. Un espace vert où plusieurs variétés s’y retrouvent. Il y cultive de la salade, du chou, du gombo et autres légumes. Au milieu de ses légumes, il promet de ne jamais se livrer à la mendicité comme le font d’autres. « Personne ne te dira qu’il m’a vu mendier ici ou là et je ne le ferai jamais, s’il plaît à Dieu. Certes, je ne vois pas, et c’est une volonté de Dieu, mais je refuse de mendier, je vais utiliser mes mains et autres pour travailler et subvenir aux besoins de ma famille », indique-t-il.
Son amour pour la terre est inébranlable. Ses journées, Karamo Lancinè Troaré les consacre à son jardin. Aujourd’hui, il se dit heureux du rendement. « C’est avec le fruit de ce travail que j’assume mon rôle de père de famille. Je suis dans la maison d’autrui et c’est avec ça que je règle le loyer et autres dépenses », explique notre interlocuteur.
Comme toute autre activité, des difficultés, il y en a forcément. Pour le cas précis de Karamo, sa difficulté première reste la pénurie d’eau. Bien qu’il soit près du fleuve Milo, celui-ci devint le plus souvent asséché après la saison hivernale. « Dès que cette période finira, je serai confronté à un manque d’eau, ma clôture est aussi régulièrement offensée par les animaux », souligne-t-il.
Plus loin, il sollicite l’aide des autorités dans l’aménagement de son espace afin d’élargir sa production. « Si les autorités pouvaient m’aider à aménager l’espace, je souhaite faire plus. Je suis aussi en location et ma maison est petite. Si les bonnes volontés pouvaient me construire une maison, je serais ravi », conclut-il.
Michel Yaradouno, depuis Kankan