Le chef du gouvernement guinéen, Amadou Oury Bah, s’est prononcé sur la situation que traverse la presse guinéenne. Depuis le 22 mai dernier, trois grands médias privés ont été fermés par les autorités de la transition, plongeant ainsi les travailleurs au chômage. Interrogé, le Premier ministre a affirmé ce mercredi 5 mars, lors d’une conférence de presse, que l’exécutif ne se montre pas opposé du tout à la liberté de presse.
Il a souligné que, depuis l’accession du Comité national du Rassemblement pour le développement (CNRD) au pouvoir, de nombreux journalistes ont été désignés à des positions stratégiques au sein des institutions publiques. D’après lui, cela illustre la détermination du gouvernement à favoriser une presse indépendante et libre.
« Depuis que des décisions ont été prises concernant trois médias, le gouvernement guinéen apparaît comme un gouvernement qui est contre la liberté de la presse. Or, de manière concrète, lorsque vous faites le bilan de tout ce qui a été fait pour l’écosystème de la presse, de manière générale ou à titre individuel, l’implication des journalistes dans des centres de décisions de l’État, c’est sans commune mesure avec tout ce qui a été fait durant les années antérieures », a-t-il indiqué.
Le Premier ministre a également évoqué les progrès réalisés par le gouvernement dans le secteur des médias, soulignant notamment la couverture des radios rurales sur l’ensemble du territoire national. Pour lui, le gouvernement a mis en avant des initiatives visant à améliorer les conditions de travail des journalistes, telles que la mise à disposition de la Maison de la presse de Kankan, ainsi que celles de Nzérékoré, Labé et Kindia.
En outre, Amadou Oury Bah a rappelé ses précédentes déclarations faites en mai dernier, lorsqu’il avait lancé un avertissement aux journalistes réticents face au changement. Il avait alors insisté sur la nécessité pour les professionnels des médias de s’adapter à la nouvelle vision du pays et de saisir les opportunités offertes par le changement. Il souligne avoir dit aux patrons des médias fermés et aux associations de presse « lorsqu’ils ont refusé la main tendue au mois de mai de l’année dernière, que ceux qui refusent d’aller dans le sens du changement vont disparaitre par leur propre faute. J’ai dit aux journalistes qu’il y a un espace à prendre. Mais cela doit correspondre à une prise en compte que les paradigmes ont changé. Ces paradigmes, c’est valable pour la presse, mais aussi pour la politique, la vision qu’on a de la société guinéenne aujourd’hui », rappelle le Premier ministre.
Enfin, Amadou Oury Bah a évoqué les fermetures de certains médias, en affirmant que cela ne signifie pas la fin de la presse libre en Guinée. « Malgré la fermeture de trois groupes de médias, la presse actuelle, à travers le nombre de médias sur le bouquet Canal+, je pense qu’il y a une vision nouvelle, des innovations, des médias moins politisés, beaucoup plus constructifs, innovants, c’est ce que nous voulons », a-t-il conclu.
Thierno Amadou Diallo