Tout a commencé lorsque les commerçants du marché de Bantounka 1, situé à Cosa, dans la commune de Lambanyi, sont descendus dans la rue le lundi 24 mars dernier pour réclamer le départ de Fafa M’bira Mané, président de la délégation spéciale de Lambanyi, en raison d’une menace de déguerpissement qui plane sur eux. Deux jours plus tard, le maire a répliqué en donnant sa version des faits, une intervention qui, au lieu d’apaiser les tensions, n’a fait que raviver la crise.
Ce jeudi 27 mars, les commerçants mécontents ont tenu une conférence de presse pour clarifier certains points soulevés par le maire. Ibrahima Diallo, l’un des responsables du marché de Bantounka 1, a remis en question les propos du président de la délégation spéciale concernant le contrat de bail. « Nous avons la véritable version du bail. Celui-ci a été signé sous la mairie de Ratoma, dirigée à l’époque par Alpha Oumar Sacko, pour une durée de 45 ans, avec une redevance mensuelle de 45 millions de francs guinéens, soit 540 millions par an. Contrairement aux chiffres avancés par Fafa M’bira Mané, qui parle de 85 millions par mois, soit 1 milliard 20 millions par an. Aucun marché en Guinée ne peut générer une telle somme en droits de marché », estime Ibrahima Diallo.
Poursuivant, le commerçant a dénoncé une modification abusive du contrat. « Lui-même a expliqué que le contrat était de 45 ans. Il l’a falsifié pour le porter à 60 ans, ajoutant 15 ans alors qu’il nous avait dit initialement que le contrat était de 35 ans. Ensuite, il affirme que le contrat de 60 ans est irrévocable. Il dit que si c’était lui, il n’aurait pas signé un bail de 60, 35 ou 40 ans, mais plutôt de 10 à 15 ans. Maintenant qu’il est président de la délégation spéciale, qu’aurait-il dû faire ? Dire au bailleur qu’il n’était pas d’accord. Mais s’il a validé, c’est qu’il y a des pots-de-vin. On connaît ce pays », a-t-il indiqué.
Le maire avait laissé entendre que certains responsables du marché étaient prêts à accepter des arrangements en échange d’avantages. Une accusation balayée d’un revers de main par les commerçants. « Ce sont des contrevérités. Lors des négociations, ils nous ont demandé si nous pouvions discuter avec les bailleurs, et nous avons accepté, à condition que les occupants soient dédommagés à hauteur de 35 millions par boutique, soit un total de neuf milliards. Mais le maire a refusé. Ils ont simplement dit qu’ils allaient déguerpir les gens, sans même vouloir officialiser cela par écrit. Où est la transparence dans cette affaire ? », s’interroge Ibrahima Diallo.
Le président de la délégation spéciale avait justifié la mise en bail du marché par les faibles recettes générées. Or, du côté des commerçants, cette situation est imputée à une mauvaise gestion. « C’est l’administrateur du marché qui est responsable. Il est nommé par qui ? Les occupants paient leurs redevances, mais l’argent ne suit pas. C’est une manière de masquer la vérité. S’ils estiment être dans leur droit, qu’ils saisissent les autorités compétentes. Nous, nous attendons simplement que la loi soit appliquée de manière équitable », conclut le commerçant déterminé.
Lamine Camara