Dans la commune rurale de Kamsar, située à 53 kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Boké, la pêche est l’une des activités principales pratiquées par les habitants. Ce port, à la fois modeste et animé, est un véritable poumon économique pour la région. Au port artisanal de Kamsar, appelé port Nènè, plus de 100 femmes se sont spécialisées dans le fumage du poisson, une tradition qui se perpétue au centre de séchage et de fumage du port. Le décor est celui d’un port où les bateaux de pêche côtoient des étals colorés, remplis de poissons frais, tandis que la mer tout autour livre ses trésors de manière quotidienne. Malgré des conditions de travail précaires, ces mères de famille parviennent à subvenir aux besoins de leurs foyers grâce à ce travail laborieux. Pour mener à bien leur activité, elles plaident pour la modernisation de leurs installations, espérant ainsi améliorer leur quotidien. Rapporte notre correspondant local.
Le centre de fumage de Kamsar, un espace où les fumées s’élèvent dans l’air chaud, est un endroit particulier. Des femmes, en majorité mères de famille, y passent des jours et des nuits à sécher et fumer le poisson. L’odeur âpre de la fumée se mêle à celle du sel et de la mer, créant une atmosphère unique. Bountou Camara, l’une des fumeuses de poisson du centre, revient sur ses difficultés. « Certaines femmes, faute de grillage pour étaler leurs poissons, sont obligées de revendre leur marchandise au port à un prix dérisoire. Ce n’est pas seulement le manque de matériel qui complique le travail, mais aussi la présence de voleurs. Le vol est constant ici. Toutes les portes des fours sont abîmées, et quand tu mets le poisson sur le feu, tu es obligée de rester près du four, sinon tu risques de tout perdre », déplore-t-elle, les yeux marqués par des années de travail intense sous la chaleur.
Mariam Camara, quant à elle, est une véritable doyenne du centre. Forte de plus de 30 ans d’expérience dans cette activité, elle a vu l’évolution de la pêche et du fumage, tout en affrontant de nombreux défis. Elle a pu accomplir beaucoup de choses grâce au fumage et au séchage du poisson. « Grâce à ce travail, j’ai pu construire ma maison et subvenir aux besoins de ma famille. Quand on envoie le poisson, on achète du bois, on le place sous les grillages, on allume le feu, et on paye les tirailleurs. Chaque étape a son importance pour garantir la qualité du poisson fumé. Ici, nous transformons différents types de poissons : du maquereau au capitaine, en passant par le thon », explique cette mère de famille, sa voix empreinte de fierté. Son visage marqué par le soleil témoigne de son dur labeur, mais aussi de sa détermination.
Dans ce four de fumage traditionnel, la température élevée et la fumée d’un bois soigneusement choisi enveloppent les poissons, créant une saveur particulière que les consommateurs recherchent. Le prix du poisson varie en fonction de sa catégorie. Makalé Camara, la responsable du centre de fumage de Kamsar, explique : « Selon le type de poisson, le kilo peut coûter entre 18 000 et 23 000 GNF. Les grillages que nous utilisons ici sont soumis à des taxes payées aux responsables du port ». Ces grillages, essentiels au processus de fumage, sont parfois en mauvais état, mais ils demeurent indispensables pour garantir la qualité du produit final.
Le centre de fumage de Kamsar est divisé en plusieurs secteurs, chacun étant composé de 30 femmes. Ces secteurs, bien que fonctionnant de manière indépendante, créent un sentiment de solidarité et d’entraide parmi les fumeuses. Elles se partagent conseils, ressources et parfois même les tâches les plus ardues, comme transporter les poissons ou allumer les feux. Selon les responsables du centre, cette organisation en petites équipes permet de mieux gérer les tâches quotidiennes, même si des améliorations sont attendues, notamment en matière d’infrastructures et de sécurité.
Mamadou Bah, depuis Boké