Hier mardi 29 avril 2025, la ville de Yomou a connu une mobilisation sans précédent lors d’une manifestation de soutien aux idéaux du CNRD. L’événement a été organisé par les sept présidents des délégations spéciales de la préfecture. Parmi les personnalités présentes figuraient la conseillère juridique du ministre de la Jeunesse et des Sports, des cadres de son département, le directeur général de la Pharmacie centrale de Guinée, le gouverneur de la région, le préfet de Yomou ainsi que ses secrétaires généraux.
Comme le veut la tradition dans les localités guinéennes, les autorités en visite rendent hommage aux sages, au patriarche et aux chefs religieux. C’est dans ce cadre qu’une importante délégation s’est rendue à la paroisse catholique de Yomou.
Visiblement honoré par cette visite, le prêtre Labé Bime n’a pas manqué de saluer ses hôtes avant d’exprimer, sans détour, ses préoccupations. « Nous vous souhaitons la bienvenue à l’Église catholique de Yomou et un agréable séjour de travail parmi nous. C’est un honneur de vous accueillir ici », a-t-il déclaré dans un premier temps.
Puis, sur un ton ferme et engagé, il a adressé un message direct aux autorités :
« Il est vrai que nous voulons tous la paix. Les autorités la prônent, et nous, citoyens, aussi. Cependant, les lieux de culte sont abandonnés. Les maisons de Dieu sont tombées dans l’oubli des autorités. Nos églises sont dans un état pitoyable ; certaines sont à l’abandon, d’autres en chantier, avec les travaux bloqués. Tout cela se passe au vu et au su des autorités. C’est seulement quand la situation devient critique qu’elles viennent nous demander de prier pour elles. Or, notre mission est de prier pour tous, y compris vous. Mais laissez-moi vous dire une chose : sans Dieu, il n’y a pas de paix. Sans son accord, il n’y a pas de paix véritable. Voulez-vous vraiment la paix pendant que nos églises sont délaissées ? ».
Le prêtre a également dénoncé l’abandon infrastructurel de la préfecture de Yomou. « Voulez-vous la paix alors que certaines localités sont exclues du développement ? Prenons le cas de Yomou ! C’est la seule préfecture de la région forestière qui n’a jamais connu le goudron depuis sa création. De N’Zérékoré à Lola, il y a du goudron. De N’Zérékoré à Beyla, également. De N’Zérékoré à Macenta, pareil. Mais de N’Zérékoré à Yomou, ce n’est que poussière et boue. Yomou, qui n’est pourtant qu’à 60 km de N’Zérékoré, ne dispose même pas d’un centimètre de route bitumée », a-t-il fustigé.
La question du bitumage de la route N’Zérékoré–Yomou reste ainsi une préoccupation majeure. Elle alimente le sentiment d’exclusion et d’injustice au sein de la population locale. Ce cri d’alarme lancé par le prêtre a d’ailleurs été relayé par les représentants de la communauté musulmane, qui partagent la même frustration face à cette marginalisation.
Foromo Fazy Béavogui, depuis N’Zérékoré