Ce 3 mai, le monde célèbre la liberté de la presse. Le président de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, n’a pas manqué de rendre hommage aux professionnels des médias tout en dénonçant vigoureusement les pressions qu’ils subissent en Guinée.
Dans une publication faite depuis l’étranger sur sa page Facebook, l’opposant guinéen a dressé un constat amer : « En Guinée, les journalistes n’ont pas le cœur à la fête », écrit-il.
Il rappelle que le thème retenu pour l’édition 2025 – « Informer dans un monde nouveau – L’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et les médias » – met en lumière les défis contemporains du journalisme. Pourtant, dit-il, « chez nous, les hommes et femmes de médias traversent une période sombre, parmi les plus difficiles de leur histoire ».
S’appuyant sur le dernier rapport de Reporters sans frontières (RSF), Diallo déplore une nette régression de la liberté d’expression dans le pays. Il alerte sur le danger que représente la remise en cause de ces acquis durement obtenus pour la réputation de la Guinée sur la scène internationale.
Le leader politique s’indigne face à ce qu’il qualifie de « musellement méthodique de la presse », dénonçant des pratiques telles que le harcèlement, l’enlèvement de journalistes, les interruptions d’internet, la destruction de matériel de diffusion, ou encore la suppression de médias des bouquets de télévision. Il accuse ouvertement les autorités de vouloir faire taire toute opposition dans le but de garder le pouvoir sans partage.
Il critique également le rôle devenu coercitif de certaines institutions censées protéger les médias, comme les tribunaux et la Haute Autorité de la Communication (HAC), désormais instrumentalisés pour censurer et réprimer les organes critiques. Il cite en exemple les retraits d’agrément qui ont frappé de grandes chaînes telles qu’Espace TV, Djoma FM ou FIM FM, causant la perte de centaines d’emplois.
« Les tribunaux et la Haute Autorité de la Communication (HAC), dont la vocation est de protéger les journalistes et de défendre leurs droits, sont devenus les bras armés d’un pouvoir d’exception qui a recours à leurs services pour harceler les journalistes et fermer les radios et télévisions qui dénoncent la corruption de la junte ou sa volonté de confisquer le pouvoir politique. C’est dans ce cadre que les agréments de médias de grande audience comme Espace TV, Djoma FM, FIM FM ont été purement et simplement retirés, entraînant la destruction d’un millier emplois », indique-t-il.
En cette journée, l’ancien Premier ministre lance un appel à la mobilisation : il invite les journalistes, les défenseurs de la liberté d’expression, et tous les citoyens soucieux de démocratie, à se lever pour exiger la réouverture des médias fermés et la fin des restrictions. « Ce combat, auquel j’entends m’associer pleinement, car nécessaire à la vitalité de notre démocratie et au bon fonctionnement de l’État de droit, engage notre responsabilité à tous », affirme-t-il, avant de conclure : « Nous ne devons pas plier devant la dictature ni nous résigner à la confiscation de nos droits et libertés ».
N’Famoussa Siby