Dans la capitale guinéenne, de nombreux hommes et femmes étalent leurs articles le long des routes, dans plusieurs marchés. C’est notamment le cas au marché de Matoto, où les étalagistes franchissent les murettes qui servent de barrière entre le marché et la voie publique. Cette situation est causée par un manque d’espace à l’intérieur du marché, selon plusieurs témoignages.
Situé en haute banlieue de Conakry, entre l’autoroute Fidèle Castro et la Corniche, le grand marché de Matoto est l’un des plus importants de la capitale. Il regorge de tout ce qu’il faut pour remplir le panier de la ménagère. Dans cette zone mixte, où vendeurs et acheteurs se croisent pour satisfaire leurs besoins, règne une ambiance survoltée, caractérisée par des cris, des disputes, une foule dense et parfois même des bagarres. Ici, les étalagistes sont exposés à de nombreux risques. Malgré plusieurs tentatives des policiers pour les empêcher de franchir les murettes, la situation reste inchangée.
Mariama Camara, mère de famille et porte-parole des femmes d’un des secteurs du marché, explique les raisons qui les poussent à occuper la route, et adresse une doléance à l’État au nom de toutes les femmes commerçantes.
« Nous n’avons pas de locaux dignes de ce nom ici. Moi, j’étais à l’intérieur du marché, mais après la destruction complète de notre hangar, j’ai décidé de me trouver une place dehors. Nous demandons à l’État de venir à notre secours, surtout de nous aider à reconstruire notre ancien local. Si cela est fait, beaucoup de femmes retourneront à l’intérieur du marché », a-t-elle souligné.
Aminata Bangoura, veuve et mère de cinq enfants, est consciente des dangers et des répressions policières qu’entraîne l’occupation de la chaussée. Mais pour elle, il n’y a pas d’autre choix.
« C’est vraiment un grand risque, avec les accidents qui se produisent parfois ici. Mais que pouvons-nous faire ? C’est ici que nous gagnons notre pain quotidien. Je suis veuve et j’ai cinq enfants à nourrir. Parfois même, les policiers nous chassent et cassent nos marchandises, mais nous n’avons pas d’autre solution que de revenir le lendemain. L’État doit nous aider à sortir de ce calvaire », a-t-elle confié.
L’occupation de la route par les vendeurs perturbe aussi la circulation, notamment les week-ends vers 18h, moment où la route devient quasi impraticable.
Julbert Delamou, chauffeur de taxi, exprime son ras-le-bol.
« La circulation en Guinée est déjà difficile, surtout les week-ends à partir de 18h, à proximité des marchés bondés d’étalagistes. Ce phénomène ne concerne pas seulement le marché de Matoto, mais tous les marchés de Conakry. C’est ce qui cause les embouteillages interminables et les accidents, malgré les efforts des policiers », a-t-il déploré.
Un policier, ayant requis l’anonymat, témoigne également sur les risques encourus par ces commerçants.
« Nous avons tout essayé. On les chasse presque tous les jours, parfois on casse même les marchandises de certaines pour les dissuader, mais rien n’y fait. Il y a souvent des accidents ici, et les embouteillages sont énormes. On comprend qu’elles manquent de place, mais bloquer la route ainsi, on ne peut pas l’accepter, même si ce sont nos mères, sœurs ou épouses », a-t-il déclaré.
Du côté de l’administration, c’est silence radio.
À l’image du marché de Matoto, d’autres marchés de la capitale guinéenne vivent les mêmes réalités. C’est pourquoi les étalagistes lancent un appel pressant à l’État guinéen afin qu’il trouve une solution durable à leur situation déplorable.
Lansana Camara, stagiaire