Réunis ce samedi dans une concession privée du quartier Sogbè, à Kankan, plusieurs jeunes se réclamant responsables des bureaux de la jeunesse du RPG-Arc-en-ciel en Haute-Guinée sont montés au créneau pour dénoncer ce qu’ils qualifient de graves dysfonctionnements au sein de leur formation politique.
Ces militants du « navire jaune » pointent du doigt, entre autres, l’absence de congrès depuis plus de quinze ans, un retard qui, selon eux, compromet non seulement le fonctionnement démocratique du parti, mais aussi sa conformité aux textes de loi. Ils critiquent également l’absence d’un vice-président élu, pourtant prévue par les statuts du parti.
La crise au sein du RPG-AEC en Haute-Guinée semble s’enliser. Après la récente sortie de Taliby Dabo, qui a remis en cause la gestion du parti par Alpha Condé, et la réplique musclée de Sory Sanoh le traitant d’ »ingrat », ce sont désormais plusieurs jeunes cadres qui brisent le silence. En présence de Taliby Dabo, ils ont, à leur tour, appelé l’ancien président à convoquer sans délai un congrès national.
« En tant que jeunesse engagée et soucieuse de l’avenir du RPG-AEC, nous exhortons le président Alpha Condé à convoquer un congrès, conformément aux statuts du parti, afin de préserver l’unité et assurer sa pérennité », ont-ils lancé dès l’entame de leur déclaration.
Dans une déclaration lue par Malick Samoura, cinq manquements majeurs ont été énumérés :
1. Le non-respect de la périodicité du congrès, censé se tenir tous les six ans. Le dernier, affirment-ils, remonte à avant 2010.
2. L’absence d’un vice-président élu, alors que l’article 19 des statuts l’exige.
3. L’inexistence des fédérations dans plusieurs localités.
4. L’absence des commissions nationales permanentes, indispensables au bon fonctionnement du parti.
5. La confusion autour de la direction administrative du parti : selon eux, la fonction d’Administrateur général a été remplacée, de façon irrégulière, par celle de Secrétaire général, en violation de l’article 20 des statuts.
« La gestion administrative quotidienne du parti doit être assurée par une Administration Générale, dirigée par un administrateur nommé par le Bureau politique national sur proposition du président. Aujourd’hui, c’est un secrétaire général qui assure cette fonction, ce qui est contraire aux textes et crée une confusion préjudiciable », ont-ils soutenu.
Malgré leurs critiques acerbes, ces jeunes ont réaffirmé leur attachement aux valeurs fondatrices du RPG-AEC : unité, paix et développement. Ils se disent mobilisés pour relancer le parti et lui redonner un nouveau souffle en Haute-Guinée.
Mais une série de questions demeure : Pourquoi ce réveil soudain après des années de silence ? Qui tire réellement les ficelles ? Ces jeunes cherchent-ils à se rapprocher du CNRD ?
Difficile, pour l’heure, de répondre à ces interrogations. Une chose est sûre : le RPG-AEC est à la croisée des chemins.
Michel Yaradouno, depuis Kankan