La troisième édition de Wo’Mines (la femme dans les mines) s’est tenue ce samedi 21 juin 2025. L’événement a rassemblé des délégations venues du Ghana et de la Côte d’Ivoire, notamment les présidentes et membres des associations Women in Mining de ces deux pays, le président de la Chambre des mines de Guinée, ainsi que la deuxième dame du Ghana, Samira Bawumia.
Selon Aïssata Beavogui, présidente de Wo’Mines, « cette journée n’est pas une simple cérémonie. Elle est un symbole, une plateforme, un engagement collectif pour que les femmes soient enfin visibles, valorisées et associées à la transformation d’un secteur stratégique pour nos pays », a-t-elle dit.
Le thème retenu cette année était : « Voix d’impact en Afrique : amplifier et renforcer le leadership féminin par la sous-traitance minière ».
À travers cette thématique, les participantes ont souhaité rappeler une réalité trop souvent occultée : les femmes investissent, dirigent, produisent et forment.
« Elles sont techniciennes, entrepreneures, cheffes de projet, porteuses de solutions dans la sous-traitance minière comme dans les fonctions de cadre. Ce jour est un appel à voir plus loin, à oser ensemble, à inclure davantage », a ajouté Mme Beavogui.
La ministre de l’Environnement et du Développement durable, Diamilatou Diallo, a salué cette initiative, qu’elle considère comme un levier de reconnaissance du rôle des femmes dans un secteur clé.
« L’avenir du secteur minier se construit avec les femmes. Un pays ne peut se développer durablement en laissant de côté plus de la moitié de sa population », a-t-elle déclaré.
Elle a souligné les efforts de son ministère en ce sens.
« Nous œuvrons à promouvoir le genre et l’équité dans toutes nos activités, et accompagnons les ministères sectoriels dans l’atteinte de leurs objectifs de développement durable. Avec le ministère des Mines et de la Géologie, nous agissons activement pour que les droits des communautés, et des femmes en particulier, soient préservés », a-t-elle souligné.
Charlotte Daffé, ministre de l’Action sociale, de la Promotion féminine et des Personnes vulnérables, intervenant au nom du ministre des Mines, a quant à elle mis l’accent sur la problématique des violences basées sur le genre dans le secteur minier.
« En 2023, plus de 12 000 cas de violences basées sur le genre ont été recensés à travers le pays, dont une proportion alarmante dans les zones minières, où les vulnérabilités sont exacerbées. Ces chiffres, malheureusement, ne reflètent toujours pas la réalité cachée derrière le silence, la peur et la stigmatisation », a-t-elle indiqué. Avant de poursuivre : « Aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement de parler des femmes dans l’industrie minière, mais de faire entendre leur voix, de reconnaître leur combat, et de construire avec elles un avenir où elles seront des actrices majeures du changement ».
Plus loin, elle réitère l’engagement « à œuvrer, sans relâche, pour renforcer les compétences des femmes, encourager leur présence dans les filières scientifiques, faciliter leur accès à la sous-traitance et promouvoir leur participation à la gestion du secteur », a-t-elle confié.
Présente à ce rendez-vous de Conakry, Samira Bawumia, deuxième première dame de la République du Ghana, a salué l’engagement des femmes guinéennes dans le secteur.
« Aujourd’hui, les femmes ne sont plus cantonnées aux tâches administratives ou informelles. Elles sont géologues, commerçantes, expertes en politiques publiques, opératrices artisanales, investisseuses et gestionnaires », a-t-elle salué.
Elle a rappelé leur rôle grandissant :
« Nous voyons des femmes créer des laboratoires de certification minérale, diriger des entreprises de logistique, produire des vêtements écoresponsables et piloter des coopératives respectueuses de l’environnement. Lorsqu’elles sont autonomisées, les familles s’épanouissent, l’économie prospère et les secteurs deviennent plus durables, résilients et équitables ».
Dans son discours de clôture, Ismaël Diakité, président de la Chambre des mines de Guinée, s’est dit impressionné par la qualité des échanges.
« Aujourd’hui, nous avons assisté à de véritables cas d’école, à des témoignages concrets. J’encourage madame la présidente à continuer d’organiser ce type d’événements et à aller encore plus loin. La prochaine étape, c’est de porter des plaidoyers forts, étayés par des études de cas, pour interpeller les décideurs et faire appliquer les conventions existantes », a-t-il martelé.
La cérémonie a été marquée par un panel sur le thème : « Femmes et sous-traitance minière : favoriser l’émergence des championnes nationales », au cours duquel plusieurs intervenantes ont partagé leurs parcours, leurs initiatives et les défis encore à surmonter.
Balla Yombouno