Longtemps perçue comme un simple objet de loisir, la chicha est aujourd’hui devenue une véritable obsession pour de nombreux jeunes. Derrière cette fumée aromatisée à l’apparence inoffensive, se cache un danger silencieux, mais bien réel.
Composée d’un vase, d’un tuyau, d’un foyer et de charbon, la chicha séduit par son aspect convivial et ses parfums variés. Pourtant, elle est loin d’être inoffensive. Pour certains, s’en passer devient quasiment impossible.
Bella Barry, un jeune homme d’une vingtaine d’années, en est un exemple frappant.
« Passer une nuit sans manger, je peux le supporter. Mais une nuit sans chicha ? Je me sens malade », confie-t-il. « Jamais je n’aurais imaginé devenir accro à cette fumée parfumée », poursuit-il.
Face à cet engouement, un véritable commerce s’est développé. Certains jeunes n’hésitent pas à investir dans le matériel et les accessoires pour répondre à la demande.
Un vendeur rencontré sous anonymat raconte : « Tout a commencé par la consommation. Puis j’ai acheté deux chichas que je louais. Aujourd’hui, j’ai une boutique spécialisée : je vends des chichas, des arômes et du charbon ».
Cependant, cette tendance n’est pas sans conséquences. Seydouba Camara, citoyen guinéen, alerte : « La chicha, c’est une bombe à retardement pour le corps humain ».
Cette inquiétude est partagée par le corps médical. Le Dr Ben Youssouf Keïta, médecin guinéen, explique :
« La composition chimique de la chicha est un véritable poison. Elle peut entraîner la destruction du pharynx et provoquer de nombreuses maladies graves ».
Une consommation régulière peut, à long terme, entraîner des maladies cardiovasculaires et des cancers (gorge, poumons, etc.).
Par ailleurs, la chicha génère une importante quantité de monoxyde de carbone, un gaz inodore mais très toxique, qui diminue les capacités respiratoires.
Malgré plusieurs annonces d’interdiction de la part de l’État guinéen, les lieux de consommation ne cessent de se multiplier.
Selon l’OMS, en 2024, plus de 37 millions de jeunes âgés de 13 à 15 ans consommaient du tabac à l’échelle mondiale. Dans la région africaine, le tabagisme chez les jeunes de cette tranche d’âge atteint 11,1 % chez les garçons et 7,2 % chez les filles, soit environ sept millions d’utilisateurs.
L’OMS exhorte les pays à adopter des mesures strictes contre la commercialisation des nouveaux produits du tabac et des produits émergents à base de nicotine, qui ciblent particulièrement les jeunes. Il s’agit notamment de la chicha, des cigarettes électroniques (produits aromatisés), des sachets de nicotine et d’autres produits faisant l’objet d’une promotion agressive sur les réseaux sociaux.
Abdourahamane Barry, stagiaire