La crise d’approvisionnement en ciment devient une véritable préoccupation à Conakry et dans d’autres villes du pays. La rareté du produit et la flambée de son prix dans les points de vente affectent lourdement les activités de construction. Les commerçants pointent du doigt les usines de production, accusées de ne pas suivre le rythme des commandes.
Diallo Thierno Souleymane, vendeur et fournisseur de ciment au marché de Kissosso, décrit une situation tendue.
« La crise est générale. Les usines ne produisent pas comme elles le devraient. Certains accusent les commandes liées au projet Simandou, mais selon moi, le vrai problème, ce sont les usines elles-mêmes. Elles ont reçu énormément de commandes, mais elles fonctionnent au ralenti. Actuellement, un seul tapis de production est opérationnel, alors qu’il en faudrait au moins trois ou quatre pour couvrir la demande à 70 % », a-t-il affirmé.
Outre la production insuffisante, le transport constitue un autre obstacle majeur.
« Le prix du transport a explosé. Avant, un camion de 35 tonnes coûtait 1 750 000 GNF, maintenant c’est 3 000 000 GNF. Et même à ce prix, trouver un véhicule est difficile. Ensuite, il faut patienter 3 à 4 jours pour que les camions soient chargés à l’usine. Tout cela freine l’approvisionnement et pénalise les consommateurs », a-t-il ajouté.
Thierno Souleymane explique également que les prix varient selon les zones d’approvisionnement.
« À l’usine GI, le prix a augmenté de 1000 GNF par sac. Chez d’autres fournisseurs comme Ciment de Guinée, Sily, Ciment Sol ou Cimaf, les hausses sont plus importantes. Certains sacs sont passés de 80 000 à 90 000 GNF. Chez moi, à Kissosso, j’essaie de maintenir les anciens prix pour mes clients, mais si la situation ne change pas, je serai obligé d’augmenter aussi », a-t-il poursuivi.
Il appelle les autorités à agir rapidement :
« Si rien n’est fait, beaucoup de chantiers risquent de s’arrêter. J’espère que les autorités comprendront l’urgence de la situation ».
Pour Abdoulaye Camara, maçon et chef de chantier, la pénurie menace directement leur profession.
« Ces derniers jours, la situation est intenable. J’ai fait le tour des magasins, je ne trouve même pas quatre sacs pour travailler aujourd’hui. L’État doit intervenir. Si le ciment manque, les travaux s’arrêtent. Nous dépendons de ce métier pour nourrir nos familles », a-t-il soutenu.
Même son de cloche chez Fofana Sanoussy, briquetier.
« Le ciment est devenu rare et très cher. On nous parle de 85 000 ou 90 000 GNF par sac, si on en trouve. Nos grossistes nous disent que leurs camions attendent toujours dans les usines, parfois pendant quatre à cinq jours. Cela perturbe complètement notre travail », a-t-il indiqué.
Lansana Camara, stagiaire