La nomination de la ministre de la Justice, Yassine Fall, pour assurer l’intérim du Premier ministre Ousmane Sonko, déclaré en « congé prolongé », n’aura finalement duré que quelques jours. Alors qu’il était donné partant en raison de divergences désormais visibles avec le président Bassirou Diomaye Faye, son « ami de lutte », Ousmane Sonko a opéré un retour aussi rapide qu’inattendu à la Primature. Reste à savoir s’il s’agit d’un véritable retour aux commandes ou d’une manœuvre stratégique destinée à dissimuler un malaise plus profond au sommet de l’État.
Difficile, voire impossible, de ne pas voir dans ce revirement un geste calculé : dans un contexte politique tendu, ce comeback semble traduire une volonté claire de réaffirmer son autorité au sein de l’exécutif. La symbolique est forte : Sonko veut montrer que, malgré les turbulences et rumeurs persistantes, la Primature suit sa feuille de route et demeure le centre de gravité de l’action gouvernementale.
Ce retour intervient après une rencontre décisive mardi soir avec le Bureau politique du Pastef. Une réunion au cours de laquelle le président Diomaye a tenu à dissiper les spéculations autour d’un éventuel clash entre les deux hommes. « Je ne ferai jamais de mal à Ousmane Sonko, et je sais qu’il ne me fera jamais de mal », a-t-il assuré, réaffirmant non seulement la solidité de leur relation personnelle, mais aussi la légitimité de ses choix stratégiques, notamment la désignation d’Aminata Touré, dite Mimi, pour restructurer la coalition.
Pourtant, ce retour fulgurant ne fait qu’alimenter les interrogations. Sonko avait quitté la Primature à la veille de son « Terra Meeting», un rendez-vous où il avait une nouvelle fois tenu des propos marquants. Sa réapparition quelques jours plus tard, sans véritable explication officielle, entretient l’incertitude sur la réelle dynamique politique au sommet de l’État.
Une question restait centrale ce mercredi : Sonko participerait-il au Conseil des ministres ? Le Premier ministre a déjoué tous les pronostics. Sa présence, remarquée, a même été accompagnée d’une initiative majeure.
Abordant la réforme de l’administration, il a plaidé pour la mise en place d’un Programme gouvernemental de formation continue et d’excellence administrative.
Sur le plan du rayonnement international, Sonko a également proposé une réflexion nationale autour de la création d’une plateforme de marque “Sénégal” ou “Teranga Sénégal”, destinée à promouvoir une identité internationale forte fondée sur les atouts culturels, sportifs, économiques et technologiques du pays.
Sur le plan politique, ce retour peut être interprété comme un moyen pour Ousmane Sonko de reprendre la main dans une phase délicate pour le Pastef. En affichant une présence constante à la Primature, il se positionne comme un leader en contrôle, capable de naviguer entre pressions internes et exigences institutionnelles. Une stratégie qui lui permet aussi de rassurer sa base militante en vue de l’élection présidentielle de 2029, où beaucoup le voient déjà comme figure incontournable.
Pour des militants du Pastef, Sonko demeure le garant de la continuité et de l’efficacité gouvernementale, tout en affirmant sa loyauté envers le président. Mais derrière ce retour express plane une question essentielle : pour combien de temps ?
N’Famoussa Siby


