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Abdoulaye Kourouma, leader du RRD : «nous nous dirigeons vers une transition »

Sourire aux lèvres, plutôt fringué… C’est un Abdoulaye kourouma  décontracté qui nous reçoit, dans l’après-midi de ce lundi 9 mars 2020, au siège de son parti sis à Sangoyah. Dans l’entretien qui s’en suit,   le leader du Rassemblement pour la renaissance et le développement (RRD) – parti engagé dans le processus des élections législatives et référendaires– n’en fait pas dans la complaisance. Report de la date des élections législatives, mission de la CEDEAO, son point de vue pour la stabilité du pays …Abdoulaye Kourouma parle. Lisez !   

 Le djely.com : quelle lecture faites-vous de la situation politique du pays ?

A K : La Situation  politique de la Guinée est lamentable. Nous nous dirigeons vers une transition, vers un gouvernement d’union nationale, à partir du moment où  deux dates programmées  pour la tenue  des élections législatives  ont été faussées. Aujourd’hui,  il me semble que le président Alpha Condé n’a pas d’analystes à côté de lui. Or, gouverner, c’est prévenir et anticiper pour ne pas subir. Nous sommes dorénavant dans une situation où les évènements ont pris le dessus. Donc, le président doit agir et vite !

Il sait qu’il   doit forcement convoquer la rentrée parlementaire qui est logiquement prévue  le 5 avril prochain. Or, il se trouve que le parlement est hors mandat.  Et,  s’il est dans l’incapacité de convoquer cette rentrer, il devra dissoudre l’Assemblée et diriger par ordonnance. Ce qui  l’oblige à organiser les élections dans les 90 jours qui suivent.  S’il perd ces élections, il doit démissionner. A cela, il faut ajouter qu’Alpha Condé doit organiser la présidentielle d’ici au mois d’octobre. Donc,  s’il ne prend pas les disposions qui s’imposent, nous nous retrouveront forcement dans une période transitoire. Du coup, il n’aura ni le temps de faire son référendum, ni le temps de préparer un dauphin.

Pour l’instant, à mon avis,  il peut encore stabiliser le pays politiquement. Même s’il a des adversaires internes et externes. Il  est dans un complot et je pense qu’il le sait. Peut être même que  la plupart des gens qui l’entourent ont des engagements ailleurs. C’est pourquoi, il faut s’attendre à d’autres démissions du gouvernement.

Que doit-il faire à présent ?

Je pense que le président doit prendre ses responsabilités et  s’engager en toute souveraineté dans le sens  de la tenue des élections.  Il ne lui reste que deux semaines pour éviter la transition. A partir du 5 avril, c’est la rentrée parlementaire, alors que les députés ne sont plus légaux, ils ne sont plus légitimes. Et, il ne faut pas perdre de vue que la manière de transmettre le pouvoir contribue à la stabilité du pays. L’opposition est dans la logique de provoquer  une transition et la mise en place d’un gouvernement d’union nationale pour en finir une bonne fois avec le pouvoir d’Alpha Condé. Il doit agir. En Guinée Bissau, le nouveau président dit clairement qu’il n’a pas besoin de telle ou telle institution. Quelques jours après, vous verrez qu’il collabore avec  toutes ces institutions.  Au Benin, Talon a  fais ses élections sans écouter personne, mais aujourd’hui tout le monde travaille avec lui.  Le Sénégal a 165 députés, 19 seulement sont de l’opposition, parce que tous les leaders censés avoir 1% étaient en prison avant les élections. Le Mali est allé  deux fois aux élections pendant qu’une grande  partie du territoire est en proie à la guerre. Il faut qu’Alpha Condé libère son esprit. Autrement, il risque de conduire la pays dans une crise qui va durer plus de dix ans. Donc, il doit faire violence sur lui-même pour amener le pays aux élections. Quelle leçon de démocratie ces présidents et la CEDEAO peuvent donner à la Guinée.? Rien !

Votre parti est engagé dans la compétition pour les élections législatives dont la tenue est reportée sine die. Comment vous avez accueillis ce report ?

Ce report nous a causé beaucoup de préjudices, psychologiquement, matériellement et financièrement. Mois j’étais en meeting à Macenta ce vendredi soir, quand j’ai appris la nouvelle du report des élections.   Nous avions déjà communiqué durant une période dans les médias, nous avons fait nos  tee-shirts tenant compte de la date du 1 mars,  nous l’avions déjà fait en fonction du 16 février, nous avons déployé des gens avec des dépenses de 30 jours, on  s’est retrouvé à faire face à  plus de 40 jours et  on vient  nous mettre dans l’impasse. On ne sait à quelle date les élections se tiendront  finalement.   Nous avons dépensé beaucoup d’argents.

Il ya eu assez de violations de lois, vous l’avez souligné, mais vous êtes toujours  engagés dans le processus…

C’est vrai que  nous sommes  en face  d’une situation de parjure. Mais, la paix n’a pas de prix. Au nom de la paix,  on peut accepter tout. Si l’injustice et le parjure peuvent amener la paix, nous nous pouvons nous inscrire dans ce sens. Nous avons nos parents, nos familles et nos  amis qui vivent dans ce pays. Donc, nous sommes pour tout ce qui peut amener la stabilité  dans le pays. Sinon, le président a fait trop de parjures. Vous savez que, conformément à la loi, les  campagnes  se tiennent en  30 jours.  Mais, il nous a conduit jusqu’à 40 jours pour pouvoir programmer ce fameux référendum. Ce qui a provoqué beaucoup de manifestations dans le pays.

Et finalement, le président reporte les élections…

Malheureusement oui !  Cependant, je n’ai pas compris que  ce ne soit pas les partis engagés dans le processus électoral qui attaquent le fichier,  mais plutôt ceux qui ne sont pas engagés.  Participer à une élection est un droit pour un parti politique, tout comme se résigner.  C’est incompréhensible ! Vous avez 30 partis en compétition et aucun d’entre eux ne dénoncé le fichier.  Alors, comment  ceux-là  qui ont boycotté le processus  peuvent critiquer le fichier.  Et, une autre incohérence, comment se fait-il  qu’à cause d’eux on  reporte les élections et prétendre qu’ils ne seront dans le processus après la révision du  fichier.

Alpha Condé a indiqué qu’il reporte les élections pour permettre à la CEDEAO notamment de mener des expertises sur le fichier électoral….

Où était la CEDEAO depuis le commencement de la crise en Guinée ? Pourquoi attendre  jusqu’à 48 heures des élections pour venir mettre à l’l’eau tout le budget de l’organisation des élections ? Ils ont fait perdre le pays économiquement et matériellement.  Tout était prêt pour les élections. La majeure partie des délégués de l’intérieur et de l’extérieur du pays étaient déjà sur place, d’autres étaient en route  avec leurs primes et leurs frais de séjours. La vérité est que beaucoup d’argent sont partis en fumée. Donc, ce que la CEDEAO a fait n’est pas sérieux.

Certains partis politiques en lice réclament leurs subventions. Est-ce le cas du  Rassemblement pour la Renaissance et du Développement ?

Mon parti était représenté à cette rencontre. Personnellement, je ne suis pas allé parce que c’est un faux débat. La subvention est un droit qui revient aux partis politiques, pourquoi il faut qu’on réclame ça. Tout ça, ce n’est pas sérieux. Pourquoi les gens ne disent pas les réalités au président. Il faut qu’on lui dise la vérité.  Je pense que le président doit avoir des conseillers sérieux. Et s’ils sont sérieux, ils ne le sont pas avec le président.

Au lendemain du report des élections, Alpha Condé a intimé à ses partisans de profiter des deux semaines pour mobiliser d’avantage autour de la constitution. Etant entendu que vous êtes dans la course, est-ce que vous continuer la campagne de votre côté ?

Il a raison ! Prace qu’ils ont la banque centrale. A part le RPG-arc-en-ciel, quel parti politique peut tenir 2 mois de campagne ? C’est le RPG-arc-en-ciel qui est soutenu par la banque centrale, pas les autres partis politiques. Nous nous roulons sur fond propre, pas avec le fond de l’Etat. Tout cela constitue une violation de la loi. Si vous prenez la loi, le président Alpha Condé n’a plus sa raison d’être. D’ailleurs s’il doit  encore prendre un décret pour fixer la date des élections, il doit respecter les principes qui indiquent que le décret doit intervenir 60 jours avant les élections. Mais, le pays n’a jamais été géré conformément à la loi, le pays a toujours été géré par consensus.

Si aujourd’hui le président annonçait la date des élections, le RRD est il prêt ?

Le problème, c’est comment trouver une date. Le président, lui-même,  est confus ! Il ne se  retrouve pas dans le complot dont il est victime au plan national et international.

Propos recueillis par Gilles Mory

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