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FERMETURE DES ÉCOLES : A Kankan, les enseignants du privé tirent le diable par la queue

Alors que chaque jour des nouveaux cas confirmés de coronavirus sont enregistrés en Guinée, les conséquences de la maladie se font ressentir dans tous les secteurs de la vie socio-économique du pays. A Kankan, comme partout ailleurs, les enseignants du privé traverse un désert sans oasis.
Décidée suite à l’instauration de l’état d’urgence sanitaire, la fermeture prolongée des écoles a une conséquence pénible pour les enseignants dispensant des cours dans les établissements scolaires privés de la ville. Selon le constat de notre correspondant basé à Nabaya, de nombreux enseignants sont devenus des habitués des kiosques des sociétés de pari, où ils espèrent gagner un peu d’argent pour satisfaire leurs besoins primaires, et des bars-cafés pour tuer le temps.
Le 26 mars dernier, quand le président Alpha Condé décrétait l’état d’urgence sanitaire pour limiter la propagation du COVID-19, les enseignants n’étaient pas retournés en classe à la suite du congé décidé plusieurs jours auparavant à l’occasion des élections législatives couplées au référendum sur la nouvelle constitution du 22 mars 2020. Payés en fonction du nombre d’heures de cours dispensés, ces enseignants n’ont pas gagné de l’argent depuis plusieurs semaines.
Beaucoup d’entre eux se sont retrouvés au chômage, sans revenus pour faire face aux besoins du quotidien. Les recherches de nouveaux emplois n’aboutissent pas, obligeant ces enseignants à se rabattre sur les jeux de hasard pour tenter leur chance. « Actuellement, il n’y a rien à faire. Pas d’argent. La plupart d’entre nous, c’est le pari et le thé qui sont nos occupations. On mise au loto dans l’espoir d’avoir quelque chose après chaque jeu », explique Foromo Kolié, chargé de cours de Mathématiques au Groupe scolaire 2MS.
Pour aider les enseignants du privé en cette situation de forte précarité, une association a été mise en place. « Il y a aujourd’hui des enseignants qui n’ont pas de quoi manger. Il y a d’autres qui sortent très tôt le matin pour éviter d’être vus par les propriétaires de maison qui réclament le paiement des loyers », révèle Mohamed Mansaré, le porte-parole de l’association mise en place pour soutenir ces enseignants. Il assure que l’heure est grave. « Il faut que les citoyens et les autorités réagissent, sinon ceux qui entretiennent leurs amis risquent de mourir », dit-il en référence à la petite solidarité qui s’est créée avec les personnes de bonne volonté qui ne sont pas nécessairement riches.
M. Mansaré dénonce l’attitude des employeurs de ces enseignants qui se noient aujourd’hui dans la misère, à savoir les fondateurs des écoles privées. « On ne connait les vrais amis que pendant les moments difficiles. Ceux qui connaissent mieux nos difficultés, ce sont les fondateurs des écoles. Ils savent comment vivent les enseignants. Aujourd’hui, ils font comme si de rien n’était », fustige-t-il.
Interrogé sur les accusations formulées par les enseignants, le fondateur d’une école de la ville qui a préféré garder l’anonymat a laissé entendre que des démarches sont en cours dans certains établissements pour venir en aide à leurs employés. « Des initiatives sont en cours, mais chaque école a ses propres préoccupations. Je ne vais pas faire de promesses mais quelque chose peut peut-être tombée. Je l’espère vivement et cela pour le bonheur de tous », dit-il.
Au total, 405 enseignants dispensant des cours dans les écoles privées sont répertoriés au compte du secondaire dans la commune urbaine de Kankan. Une collecte de fonds a été lancée par des jeunes pour les assister. La somme de 3 900 000 francs guinéens serait déjà mobilisée dans le compte créé à cet effet, rapporte un membre du collectif porteur de l’initiative.
Michel Yaradouno, Kankan pour Lejely.com 
Tel: 620 997 057

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