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TROISIEME MANDAT : le réveil tardif de Buhari

C’est l’autre fait marquant du 57ème sommet ordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) qui s’est tenu ce lundi 7 septembre à Niamey, la capitale du Niger. Profitant des ces retrouvailles au sommet, le président nigérian a en effet rappelé à l’ordre ses homologues de la sous-région. S’adressant aux autres chefs d’Etat, Muhammadu Buhari les a invités à se méfier du phénomène de modification constitutionnelle avec le dessein de s’en servir comme subterfuge pour faire sauter le verrou de la limitation des mandats à laquelle ils sont astreints. Le dirigeant nigérian a particulièrement mis en exergue tout le potentiel de crise dont est porteuse cette attitude dont usent notamment les présidents guinéen et ivoirien. Sur le fond, la mise en garde de Buhari est aussi pertinente qu’opportune. Cependant, il demeure une question au sujet de ce rappel. Pourquoi le fait-il maintenant seulement ? Pourquoi avoir attendu si longtemps ? De cette première question, découle une autre : quel objectif le président nigérian vise-t-il en faisant cette déclaration ?

D’une certaine façon, cette sortie de Muhammadu Buhari a de quoi surprendre. Car en particulier en Guinée et en Côte d’Ivoire, les deux principaux pays intéressés par une telle déclaration, les citoyens qui se battent contre le troisième mandat que convoitent Alpha Condé et Alassane Ouattara, ont depuis longtemps cessé de reposer leurs espoirs sur la CEDEAO et ses dirigeants. Trop longtemps abandonnés à leurs tristes sorts et laissés à la merci du bon vouloir des dirigeants respectifs des deux pays, ils voient davantage Muhammadu Buhari et ses homologues comme un syndicat dont les membres se protègent mutuellement. Cette impression s’étant particulièrement confirmée avec l’attitude plus que discutable que la CEDEAO a dernièrement adoptée dans sa tentative de gestion de la crise malienne. Parce qu’ils étaient avant tout préoccupés par la nécessité de sauver leur désormais ex-homologue IBK, ces dirigeants ont précipité le coup d’Etat qui a renversé ce dernier le 18 août 2020. Dans la sous-région, les citoyens demeurent convaincus que si le leadership sous-régional avait pris ses responsabilités en écoutant les légitimes aspirations des Maliens et en tenant le langage de vérité à l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta, le Mali ne serait pas aujourd’hui administré par une junte dont il ne sait pas comment se débarrasser. De même, en Guinée, si c’est en janvier ou février que Buhari avait tenu le discours qu’il a tenu ce lundi à Niamey, cela aurait probablement changé la donne. C’est quand Alpha Condé faisait la sourde oreille face aux missions de bons offices que pilotaient le premier ministre Abiy Ahmed et les anciens présidents Nicéphore Soglo et Goodluck Jonathan que le président nigérian aurait dû taper du poing sur la table. Et peut-être que cela aurait pu aider à sauver des vies.

Malheureusement, à l’époque, personne ne l’a entendu. Le seul qui en faisait alors sa préoccupation, c’est le président nigérien, Mahamadou Issoufou. Et on a l’impression que le pauvre, à force d’avoir trop prêché dans le désert, a fini par se taire. Aussi, les questions de départ reviennent. Pourquoi seulement maintenant et surtout à quelles fins ? Car la sortie du président nigérian est assortie de l’espoir que la donne qui prévaut aujourd’hui en Guinée et en Côte d’Ivoire, puisse être inversée, cela semble bien trop tard. Dans les deux pays, les présidents sortants ont déjà déposé leurs dossiers de candidature. On s’achemine désormais vers l’ouverture de la campagne électorale. En réalité, dans ces deux pays, la CEDEAO devrait plutôt se préparer à la gestion des crises postélectorales qui risquent très probablement de résulter des deux processus. Des crises avec, peut-on envisager hélas, des morts d’hommes et des dégâts d’envergure. Deux issues fort regrettables qu’une sortie comme celle de Muhammadu Buhari aurait pu prévenir. Mais pour cela, il aurait fallu qu’il ait le courage de la faire un peu plus tôt.

Boubacar Sanso BARRY

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