Suite au décret du président du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) rebaptisant l’aéroport international de Conakry du nom d’Ahmed Sékou Touré, le premier président de la Guinée, une plainte pourrait être déposée contre les artisans de cette décision, au cœur d’une vive polémique entre partisans et détracteurs du père de l’indépendance guinéenne.
En effet, l’Association des cictimes du camp Boiro (AVCB) a, au cours d’une conférence de presse qu’elle a animée ce samedi 18 décembre 2021 à la Maison de la presse à Kipé, dans la commune de Ratoma, réitéré son ferme opposition à cette décision prise le colonel Mamadi Doumbouya. L’association menace d’engager des poursuites judiciaires contre la junte militaire qui a pris le pouvoir en Guinée le 05 septembre dernier.
Dans la déclaration faite par Boubacar Barry, ancien président de l’AVCB, l’association a estimé que, juridiquement, les autorités de la transition n’ont aucune légitimité ou légalité de poser un tel acte. « Dans un régime exceptionnel issu d’un coup d’État, il n’y a ni légitimité, ni légalité. La légitimité veut dire des élections à l’issue desquelles on est élu et la légalité, c’est le respect d’un ordre constitutionnel. Aujourd’hui, nous estimons qu’il aurait mieux fait de s’abstenir de tels actes et de se concentrer sur ce qui est essentiel. Concernant la réconciliation, il a une autoroute qui lui est tracée. Il n’a qu’à emboîter le pas de la commission Vérité, Justice et Réconciliation, proposées par nos religieux », a déclaré l’intervenant.
Pour Boubacar Barry, c’est sans doute « l’ignorance ou la manipulation » de l’histoire guinéenne qui a poussé le président du CNRD à vouloir honorer de cette façon le premier président guinéen dont les 26 ans de règne ont été marqués par des « complots » qui avaient été sévèrement réprimés, entraînant la mort des milliers de personnes. Alors, il pense qu’une « meilleure connaissance de l’histoire [de la Guinée] permettrait d’équilibrer les choses ».
Les familles des victimes de la « révolution guinéenne », réunies au sein de cette association, ne comptent pas baisser les bras devant cette action qui vise à rendre un hommage appuyé à l’ancien président guinéen, Ahmed Sékou Touré. Abdoulaye Conté, secrétaire exécutif de l’Association des victimes du camp Boiro, a annoncé qu’une action judiciaire est prévue dans l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale de l’AVCB pour dénoncer ce décret. « Toutes les influences seront faites. Immédiatement, nous allons nous rendre justice contre ce décret. Il faut qu’il soit révoqué car rien ne le justifie. Nous sommes certains que le président [de la transition] n’a pas pris les conseils adéquats qu’il faut avant de prendre un tel décret », a-t-il estimé.
Aliou Nasterlin