Mme Antoinette Lamah a bénéficié du transfert monétaire l’UNICEF à travers une ONG locale de mise en œuvre qui est chargée de la prise en charge psychosociale des personnes infectées et affectées par Ebola.
« La vie pour moi n’a plus de sens. Mon unique et dernier espoir s’est effondré. Charlotte, ma fille et son mari sont partis pour de bon. Je n’attends maintenant que mon jour pour les rejoindre », c’est de cette manière que Mme Antoinette Lamah, apparemment inconsolable jusque-là, continue de pleurer sa fille et son gendre emportés par la maladie à virus Ebola lors de sa résurgence en janvier 2021 à Gouécké.
Agée de plus de 70 ans, Mme Antoinette Lamah vit à Gouécké, une commune rurale située à 42km du centre-ville de N’zérékoré, d’où est repartie la maladie à virus Ebola. Assise au seuil de sa maison, c’est là qu’elle passe le plus clair de son temps en retrait de sa communauté et toujours en larmes en train de pleurer ses morts. Les premiers moments qui ont suivi la disparition successive de son gendre et puis de sa fille, Antoinette Lamah était très réticente et insensible à tout, sinon qu’à la douleur qui continue encore de la tenailler. « Au début, Mme Antoinette Lamah ne voulait voir personne chez elle. Elle était inconsolable et continuait de pleurer ses morts. En tant qu’agent de prise en charge psychologique, j’ai été confronté à cette situation », se souvient Ibrahima Missira Diallo, de l’ONG : Association Guinéenne des Psychologues Cliniciens (AGPC). Comme Antoinette Lamah, plusieurs familles traversent cette situation post-Ebola.
Au lendemain de la résurgence de la maladie à virus Ebola dans cette partie du sud de la Guinée, l’UNICEF, grâce aux fonds CERF, a implémenté sur le terrain, un projet de prise en charge intégrée des ménages affectés par la MVE avec une composante transfert monétaire et une composante prise en charge psychosociale des personnes infectées et affectées par l’épidémie. Ce projet consistait à assister les ménages touchés par la maladie à virus Ebola et abritant les enfants orphelins d’Ebola, afin de leur permettre de se relever des conséquences de la maladie. C’est dans ce cadre que l’UNICEF est noué un partenariat avec les ONG locales de mise en œuvre pour assurer cette prise en charge. Un transfert monétaire de 150 dollars par ménage a été remis aux 500 chefs de ménages identifiés dans les 4 communes affectées (Commune urbaine de N’zérékoré, et les communes Rurales de Gouécké, Samoé, et Soulouta), nous rapporte Emmanuel Yaradouno, Coordinateur de l’ONG : Enfants du Globe opérant sur le terrain : « Nous avons remis de l’argent aux 500 ménages vulnérables affectés par Ebola dans les 4 communes touchées. Cet argent a permis à ces ménages de subvenir aux besoins essentiels des enfants orphelins, notamment les besoins alimentaires, vestimentaires et scolaires. Nous leur avions également distribué des kits d’hygiène. Pour briser l’isolement de ces enfants et favoriser leur intégration sociale, nous avons organisé aussi, en plus de cette assistance, des ateliers de prise en charge psychologique ».
Cette prise en charge ne se fait pas au hasard. L’ONG : Enfants du Globe, déploie ses agents sur le terrain pour identifier les ménages touchés par l’épidémie en tenant compte du critère de vulnérabilité défini et adopté par toutes les parties prenantes. Le ménage de Mme Antoinette Lamah a été identifié parmi les 500 ménages vulnérables affectés par la MVE dans les 4 communes touchées. Elle a ainsi bénéficié d’un montant de 1 500 000 GNF, soit 150 dollars, qui lui a permis de subvenir aux besoins essentiels de ses enfants orphelins d’Ebola.
Mme Antoinette Lamah s’en remet progressivement et apprécie aujourd’hui cette assistance qui, dit-elle, l’a aidée à faire face aux besoins des enfants de sa défunte sa fille. « Cette assistance financière de l’UNICEF, à travers ses partenaires locaux, m’a permis de scolariser les enfants de Charlotte et de faire face à certains de leurs besoins comme les soins de santé, l’habillement », témoigne-t-elle en sanglots.
Comme Mme Antoinette Lamah, beaucoup de familles affectées par la maladie à virus Ebola baignent dans une situation de désespoir. C’est pourquoi, l’ONG : Enfants du Globe, à travers son Coordinateur, plaide pour le financement et la mise en œuvre des activités pérennes de relèvement socio-économique des ménages affectés par Ebola « A la longue, nous voudrions que l’UNICEF continue d’épauler ces ménages abritant les enfants orphelins d’Ebola à travers les activités génératrices de revenus pour favoriser leur autonomie ».
Saa Momory KOUNDOUNO