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EDITO : le CNRD, l’inexpérience et le complexe de l’avouer

Depuis quelques jours, comme un effet boomerang, on rappelle à la classe politique guinéenne qu’elle est en grande partie responsable du sort peu enviable dans lequel elle se retrouve aujourd’hui vis-à-vis des nouvelles autorités. Au lendemain du coup d’Etat du 5 septembre, tous les acteurs qui comptent s’étaient en effet empressés de féliciter le colonel Mamadi Doumbouya et ses camarades d’armes et de leur dérouler le tapis rouge. Ce qui était inélégant de la part de leaders qui se prétendent démocrates et plutôt risqué. D’autant qu’ils ne savaient pas grand-chose des nouveaux maîtres du pays et des intentions de ces derniers. Mais à y regarder de près, on est forcé d’admettre qu’il n’y a pas que les politiques qui se sont fait avoir. Toute la Guinée s’est laissée aller à la même imprudente euphorie. Au point que six mois après, tout le monde réalise l’ampleur de l’erreur qui aura été commise. Avec le recul, on se rend compte qu’on avait placé nos espoirs entre les mains d’une équipe qui pèche cruellement par son inexpérience. Mais le pire, c’est que les membres du CNRD n’ont pas l’humilité d’avouer leurs faiblesses.

S’il y a une limite à cette rengaine de renouvellement générationnel de la classe politique dont on nous rabâche les oreilles depuis des semaines, le CNRD et son approche dans la gestion de la transition en sont la parfaite illustration. En effet, prétendre que le colonel Mamadi Doumbouya et ses compagnons sont de mauvaise de foi serait à la fois leur faire un procès d’intention et un jugement de valeur. Mais de toute évidence, ils n’ont pas l’expérience de la gestion de l’Etat. Ainsi, c’est avec une vision simpliste qu’ils s’étaient emparés des leviers du pouvoir. Certaines mesures populistes dont la baisse du prix du carburant relèvent de cette inexpérience. On s’en rend compte aujourd’hui. La communication empreinte d’une certaine arrogance qui avait accompagné la mise à la retraite de hauts gradés de l’armée, de la douane, et de la police ainsi que des milliers d’agents de la fonction publique renvoyait également à un certain angélisme dans la conduite des affaires de l’Etat. Et que dire de l’ouverture simultanée des fronts particulièrement sensibles que sont la récupération des domaines de l’Etat et la lutte contre la corruption ? S’élever contre la corruption en Guinée, c’est se mettre à dos quasiment tous les citoyens.  Autre indicateur de l’inexpérience de ceux qui nous gouvernent depuis le 5 septembre, on a cette tendance qu’ils ont de surévaluer les compétences de tous ceux qui se réclament de la diaspora. A ce niveau, il n’est pas exclu que la manipulation ait pu jouer un rôle important. Ce qui ne serait guère étonnant, car le déficit d’expérience rend particulièrement vulnérable à la manipulation.

Mais au manque d’expérience, il y a généralement un remède que l’on appelle l’humilité. Une qualité qui, lorsqu’on l’a, vous incline à admettre vos faiblesses et à chercher à les corriger en vous entourant de personnes susceptibles de vous y aider. Et c’est manifestement le second défaut de nos nouveaux dirigeants. Ils ont la phobie et le complexe de reconnaître leurs faiblesses. D’où la tendance qu’ils ont de tout régenter, et tout seuls. Pour les quelques-uns qu’ils consultent, ils veillent à ce que cela soit dans la plus grande discrétion. Pour le reste, ils ne jugent pas nécessaire de s’entourer de personnes d’expérience, qui connaissent relativement le pays et son histoire complexe. Et cela se voit clairement dans un certain nombre de décisions. En effet, comment comprendre que l’on attendre une dizaine de jours avant pour annoncer la tenue des Assises nationales aussi symboliques ? On en revient là à la vision simpliste des choses. Pendant qu’on y est, il convient de noter que la décision de rebaptisation de l’aéroport au nom du premier président guinéen est l’incarnation en soi du simplisme dont il est ici question. Par ailleurs, d’où leur est également venue l’idée de mettre les ministres à l’agriculture ? Une autre décision à laquelle on ne comprend pas grand-chose, c’est celle d’offrir des parcelles de terrains aux retraités de 2021. Toutes ces décisions ont rencontré un tollé retentissant de la part de l’opinion publique. Mais les autorités persistent quand même à les mettre en œuvre. Un autre signe du complexe qu’on a de reconnaître les erreurs et les défauts.

En réalité, on a l’impression qu’autour du colonel Doumbouya et de ses principaux collaborateurs, on a très peu qui osent donner un avis différent. Or, on ne s’en rend pas toujours compte quand il le faut. Mais un tel entourage est plus nuisible que bénéfique.

Boubacar Sanso BARRY

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