Situé à Dominya dans la préfecture de Boffa, le port négrier est dans un état de délabrement très avancé. Sur le site, il ne reste que peu de traces de ce qu’a représenté ce patrimoine.
Des herbes hautes recouvrant le domaine, des fondations et bâtiments abandonnés, des quais dégradés, c’est l’image que nous retenons à première vue de ce qu’a été autrefois le port négrier de Dominya à Boffa. Sur ce site de l’époque coloniale, plus grand chose ne tient.
Sur la route qui mène au premier quai, aucun bâtiment en vue. Le seul qui tient encore donne plus l’impression d’une habitation en construction. En avançant plus près, on découvre des fondations de ce qui représentait avant le comptoir du port. Dans ces bâtiments, des expatriés chinois s’étaient récemment établis pour faire du commerce, avant d’être ensuite renvoyé par les populations qui redoutaient justement la désacralisation du site. Tout près, un baobab dans lequel était incrusté un trône n’a pas également échappé aux intempéries de la nature. Une partie du creux de l’arbre est partie en fumée.
En se rendant au second quai un peu plus loin, un bâtiment, ancienne maison des esclaves, continue de défier le temps. Sur les murs, quelques dessins essaient de réveiller les mémoires. Sur le quai, la poulie rouillée reste tout de même encore debout et sur le sol, des chaînes restent également visibles.
En visite sur le site, Kali Félicité Dona, pèlerine venue du Sénégal se désole de trouver ce site en si mauvais état. « C’est vraiment triste de voir un patrimoine comme ça à l’abandon. Au Sénégal, la maison des esclaves de Gorée est bien entretenue. On aurait pu faire pareil ici car c’est de l’histoire ça. Ça nous apprend beaucoup de choses sur notre passé, des choses qu’on ne nous apprend pas à l’école. Je demande aux autorités de veiller à réhabiliter le site et l’entretenir vraiment pour nous et les prochaines générations », plaide la jeune fille.
Élisabeth Zézé Guilavogui