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OPINION : Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude

Le CNRD et le gouvernement ne cessent de le répéter. Leurs actions dont en particulier celles touchant au chantier de récupération des domaines de l’Etat, ne sont orientées contre personne, martèlent-ils à chaque fois que l’occasion leur est offerte. Mais il faut croire que cela peine à convaincre certains Guinéens. C’est notamment le cas des membres du Collectif dit de la ‘’Nouvelle Donne’’. Si les membres de ce Collectif ne sont pas nécessairement contre le principe de récupération des biens de l’Etat, ils reprouvent néanmoins la procédure. De la notification adressée aux citoyens via une « correspondance comminatoire » à la phase de « destruction de domiciles privés », en passant par la « convocation intimidante » et le « déplacement de forces de sécurité », ils dénoncent un « traitement humiliant, expéditif et violent ». Ils n’admettent pas en particulier le fait que, dans la gestion de cette procédure, les soldats remplacent l’officier de police judiciaire. Et s’ils s’en inquiètent, c’est parce qu’ils commencent à percevoir des signaux d’une répétition de dérives dont le pays a déjà suffisamment souffert. Au nombre de ces signaux, ils identifient la stratégie du « diviser pour régner » qui sous-tendrait la campagne de récupération des domaines de l’Etat. Du moins, tel qu’elle est conduite sur le terrain.

Comprendre (le titre) : Nul ne peut réclamer justice si le dommage qu’il subit est le produit de ses actions menées illicitement ou illégalement ou de sa négligence.

Il y a urgence à rappeler les principes du droit, afin que la violence et l’arbitraire cessent de régner dans notre pays.

Sans procédure contradictoire, ni enquêtes impartiales, certains compatriotes sont accusés de crimes dont nous ignorons la véracité.

En un temps record, une procédure effroyable s’est enclenchée : correspondance comminatoire, convocation intimidante, déplacement de forces de sécurité … destruction de domiciles privés.

A chaque étape, des Guinéens subissent un traitement humiliant, expéditif et violent.

Ces méthodes rappellent les heures les plus sombres de notre histoire.

Actuellement, des opérations suivent leur cours dans plusieurs villes.

Dans le vide juridique le plus “parfait“, des agents de l’administration peignent des croix sur des édifices privés.

Parfois, on convoque au camp des citoyens « réputés innocents » pour que des militaires se prononcent sur des preuves de propriété.

Depuis quand des soldats sont-ils habilités à remplacer des officiers de police judiciaire ?

Quelles que puissent être les conditions d’acquisition des biens incriminés, l’administration doit reconnaître ses torts.

La justice peut punir les coupables – selon les lois de la république.

Elle ne peut cependant violer le droit à la propriété – qui est au fondement de toute société organisée.

Notre pays traverse une phase de grande confusion résultant de la confiscation du pouvoir par un homme, son parti et leurs alliés – depuis plusieurs décennies.

Depuis notre indépendance, la justice a été sapée – fragilisant notre société et empêchant tout développement pérenne.

A plusieurs reprises, le peuple de Guinée a utilisé tous les moyens légaux pour rappeler son attachement au respect de ses institutions.

Plusieurs milliers de nos concitoyens sont morts, assassinés par des membres des forces de défense et de sécurité.

A ce jour, ces crimes sont impunis et méritent l’application rigoureuse de la loi.

La junte n’a ni la légitimité, ni la capacité de mener à terme des chantiers dont la complexité requiert une action méthodique, systématique et couvrant toute l’étendue du territoire national.

Alors que la durée de la « transition » ne fait pas consensus et que la préparation des élections n’a pas sérieusement débuté, les opérations de récupération du « patrimoine de l’Etat » pèchent par leur caractère partial et arbitraire.

En raison du vol organisé et de l’impunité dont jouissent certains responsables administratifs et politiques, l’Etat est appauvri, désorganisé et incapable de réaliser des opérations immobilières répondant à la demande des Guinéens.

Résignés, nous avons fini par nous accoutumer à l’intolérable : le pillage de nos ressources par nos responsables.

Alors que le droit (fiscal et foncier) devrait nous permettre de vivre dignement et d’accéder à la propriété foncière, nous sommes volés et manipulés.

Très souvent, cet état de fait est organisé à dessein par des fonctionnaires ou des responsables politiques.

Cette confusion est source de corruption et d’enrichissement personnel. Elle nuit à notre société, et contribue à transformer en misérables les citoyens d’un pays riche.

Le moment est venu de regarder notre société en étant conscients de la gravité de la situation que nous traversons.

Durant la première république, pour consolider le règne de l’arbitraire, l’Etat a isolé des individus accusés de tous les maux.

En marquant de croix certains domiciles, leurs habitants subissent une peine d’infamie. Pourtant, leur culpabilité n’est pas établie.

Il faut donc que cesse cette campagne d’intimidation dont l’objectif inavoué est de « diviser pour régner ».

La Guinée est riche de la cohésion entre ses filles et ses fils.

Depuis l’indépendance, à plusieurs reprises, l’Etat s’est attaqué à des ressortissants de chacune des régions naturelles.

A chaque fois, en dépit des souffrances infligées, notre génie collectif a permis de préserver ce que nous avons de plus précieux : notre nation.

Dans l’intérêt de chacun d’entre nous et pour que la Guinée prospère, nous devons garantir le respect de principes simples et non négociables : indépendance de la justice, respect de la présomption d’innocence et impartialité de l’administration.

Il y va de la capacité de notre pays à honorer la promesse faite à ses citoyens : travail, justice, solidarité.

La Nouvelle Donne

* La Nouvelle Donne est un collectif international d’hommes et de femmes guinéens de tout bord soucieux de contribuer à la construction d’une Guinée démocratique fondée sur la notion fondamentale de liberté et les valeurs de la devise du pays : le Travail, la Justice et la Solidarité. Au début informel, ce collectif s’est structuré au printemps 2020 pour éclairer les décideurs politiques au niveau international sur la situation guinéenne, et participer au combat contre les velléités d’Alpha Condé et ses soutiens à modifier la constitution guinéenne en vue de se présenter pour un troisième mandat. 

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