C’est une pratique sournoise dont les enseignants de certaines écoles privées font les frais chaque année. En effet, profitant de la confusion qui se crée en fin d’année, notamment en raison des évaluations, certains responsables d’établissements se privent de verser à ces enseignants leurs salaires des derniers mois. Le prétexte que certains leur servent chaque fois est que les parents d’élèves n’ont pas payé les frais de scolarité. D’autres encore font valoir le fait que les enseignants n’auraient pas dispensé de cours. Des arguments les victimes balaient du revers de la main.
Abdoulaye Soumah enseigne en 3ème année de l’école primaire. Il est en outre porte-parole d’un groupe d’enseignants, victimes de ce qu’il appelle injustice de la part d’une école privée, située dans la commune de Matoto. Revendiquant le paiement des salaires des mois de mai et juin, le groupe dit avoir fait recourir à toutes les voies pacifiques possibles. Mais pour l’heure, les démarches demeurent vaines. « Plusieurs fois, en groupe, nous sommes allés réclamer le paiement des deux derniers mois au directeur. Il nous a promis qu’il allait le faire. Nous étions en période des évaluations finales pour les classes intermédiaires. Ces évaluations sont aujourd’hui terminées, mais nous n’avons toujours pas obtenu les salaires en question. Pourtant, les parents ont payé les neuf mois », explique l’enseignant.
Pourtant, ces enseignants, dans certains cas, sont soumis à d’importantes charges liées notamment à l’entretien de leurs familles respectives. « Mon fils est malade et j’ai une famille â prendre en charge. Je suis venu demander mon argent, ne serait-ce que la moitié pour résoudre ces problèmes. Mais ni le comptable, ni le directeur ne m’a regardé. Nous ne savons plus quoi faire avec ces écoles. Plein de nos camarades vivent les mêmes difficultés. C’est décevant », lance encore Abdoulaye Soumah, au bord des larmes.
Le phénomène tendant à se généraliser, les victimes en appellent à l’intervention du ministère de l’Enseignement supérieure et de l’Alphabétisation.
Mohamed Capi Camara