La Transition guinéenne s’achemine-t-elle vers un tournant décisif de sa marche ? En tout cas, le climat qui prévaut n’est pas nécessairement la sérénité dont se prévalent les autorités, en invoquant notamment le « compromis dynamique » obtenu avec la CEDEAO. Ça sent le calme avant la tempête. Et le signe de cette atmosphère de veillée d’arme, ce sont les discours politiques qui se corsent et qui ciblent de plus en plus ouvertement le CNRD. En cela, le RPG-arc-en-ciel est une parfaite illustration. Si jusqu’à présent, l’ancien parti au pouvoir, marchant sur des œufs, s’efforçait de ne pas faire du CNRD son vis-à-vis, les choses ont tendance à évoluer.
En tout cas, le week-end dernier, à l’occasion de l’Assemblée générale hebdomadaire du parti, les discours qui y ont été tenus n’ont pas ménagé la junte du colonel Mamadi Doumbouya. Le parti d’Alpha Condé ne digère pas d’avoir été dépossédé du pouvoir. Conséquence, ceux en sont responsables vont devoir payer. « Il faut récupérer le pouvoir qu’on nous a enlevé », proclame Dr. Momo Camara, membre du BPN. Pour cet ancien député, la récupération du pouvoir « qu’on nous a arraché, ce n’est pas négociable ».
Et pour faire écho à cette nouvelle posture, une manifestation se tenait au même moment Place de la République, à Paris, dénoncer le CNRD, exiger la libération des détenus politiques et appeler au retour rapide à l’ordre constitutionnel. Or, tout au début, à l’instar des partis d’opposition qui ont cherché à charmer la junte, le RPG répétait sans cesse que le CNRD n’est pas un adversaire. Décidément, les lignes ont évolué chez tout le monde.
Aminata Camara