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Burkina Faso : Ibrahim Traoré à la peine face aux djihadistes

C’est peut-être difficile de l’admettre, mais l’implacable vérité est que le terrorisme islamique qui écume le Sahel ne se combat pas qu’avec des discours et de bonnes intentions. Cela, le colonel Damiba l’avait appris à ses dépens en se faisant renverser fin septembre-début octobre 2022. Mais le jeune colonel Ibrahim Traoré qui l’a évincé, réalise certainement lui aussi que la tâche est moins facile qu’il ne l’imaginait. En témoigne cette embuscade dont une unité de l’armée burkinabè a été la cible le vendredi dernier, entre Déou et Oursi, dans la province de Oudalan, frontalière du Mali et du Niger. De l’aveu même de l’Etat-major de l’armée, le bilan est de 51 morts parmi les militaires burkinabè. Même si les autorités font état d’une centaine de terroristes neutralisés, le bilan côté armée demeure toujours préoccupant. D’autant que d’autres sources évoquent plusieurs soldats qui manquent également à l’appel. Cette attaque et ce bilan révèlent en réalité l’ampleur du défi. Le Mali et le Burkina sont bien volontaristes. Mais l’insécurité à laquelle ils font face nécessite une réponse plus concertée, plus holistique et plus soutenue. Et c’est en premier, la CEDEAO qui se trouve interpellée. Et il importe d’agir de manière urgente, sinon en pareille circonstance, Wagner pourrait profiter de la tragédie.

Des djihadistes plutôt sûrs d’eux

Il découle de cette dernière attaque des djihadistes contre les soldats burkinabè que les terroristes ne se laissent guère impressionnés par la détermination des nouvelles autorités. Ainsi, s’autorisent-ils à tendre un piège à toute une unité de l’armée régulière. Quand l’ennemi s’autorise une telle audace, c’est qu’il est plutôt sûr de lui. Il ne se contente pas de défendre le territoire qu’il a conquis. Au contraire, désireux de s’offrir de nouveaux espaces, il est plutôt dans une dynamique offensive. Cette information n’est nullement rassurante. Il s’y ajoute surtout ce bilan. Au moins, 51 soldats tombés sur le champ de bataille. Pas à la suite d’une attaque à la bombe. Mais dans un affrontement armé. La hiérarchie de l’armée burkinabè doit se remettre en question. Aux troupes déployées sur le front, il faut certainement plus d’équipements. Et surtout, il leur faut agir sur la base de renseignements plus fiables. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, si des bilans de ce type, on devait en enregistrer plusieurs, cela finirait par éroder le moral à la fois des soldats et de l’opinion publique. L’optimisme et le courage ont besoin d’être dopés par des nouvelles plus réjouissantes en provenance du front.

La CEDEAO doit sortir des seules intentions

Mais la vérité est que ni le Burkina Faso, ni le Mali ne peuvent à eux seuls venir à bout du fléau. L’insécurité à laquelle ils font face et qui tend à s’étendre sur l’ensemble de la région ouest-africaine en général et vers les pays côtiers du golfe de guinée en particulier, nécessite une réponse concertée. La CEDEAO doit davantage s’impliquer dans la lutte. Elle doit en faire un objectif à part entière, suite à quoi elle doit s’employer à mobiliser tous ceux qui peuvent aider. Il est vrai qu’elle manifeste une telle intention dans le communiqué ayant sanctionné le sommet extraordinaire que les chefs d’Etat et de gouvernement de l’organisation sous-régionale a tenu à Addis-Abeba, en marge du 36ème sommet de l’Union africaine. Mais il lui faut sortir des seules intentions. Tant que les djihadistes continueront à opérer dans un seul pays de la région, personne, ni aucun pays ne sera tranquille et à l’abri. Mais le Burkina et le Mali doivent aussi faciliter cet apport des voisins. Pour cela, il faut déjà redescendre sur terre et abandonner la logique du déni de la réalité, de la part d’Assimi Goïta et d’Ibrahim Traoré. Le bras de fer que les deux juntes entretiennent ouvertement ou non avec certains voisins ne participe pas de la création d’un climat de collaboration. Que les deux dirigeants sachent en tout cas qu’il ne sert à rien de vouloir créer des tensions à l’extérieur pour espérer masquer l’absence de résultat à l’intérieur. Une telle stratégie finit toujours par exploser à la figure de celui qui en abuse.

Une aubaine pour les gars de Prigojine

Si le Burkina pleure ses soldats, il y a en a un qui doit envisager les choses d’une toute autre façon. Il s’agit d’Evgueni Prigojine. Le patron du groupe paramilitaire russe, Wagner, n’aurait pas pu espérer une meilleure ‘’aubaine’’ pour convaincre le colonel Ibrahim Traoré de faire appel à ses gars. En pareils moments, en effet, un dirigeant qui qu’il soit, est à la merci de toutes les tentations. Devant des soldats qui tombent comme des mangues mures et une pression grandissante de l’opinion publique, de plus en plus lassée par l’absence de résultats face au terrorisme, Ibrahim Traoré, s’il ne l’a pas déjà fait, peut très vite donner son quitus au déploiement des soldats de Wagner. Parce que mieux que quiconque, il sait que son destin à la tête du pays dépend de ce qui se passe au front. Surtout que ce terrorisme-là qui tenaille le pays depuis 8 ans, au-delà des 10 000 personnes qui en sont mortes et des quelques 2 millions de déplacés qu’il entrainés, a eu raison de deux présidents, Roch Marc Christian Kaboré et Paul Henri Sandaogo Damiba. Quitte à pactiser le diable, Traoré voudra tout faire pour éviter de rallonger la liste.

Boubacar Sanso Barry   

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