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Niger : séquestré dans sa résidence, Mohamed Bazoum se défend via le Washington Post

Il a certainement conscience qu’il n’a plus son destin entre ses mains. Mais Mohamed Bazoum que le général Tiani et ses hommes ont déposé le 26 juillet dernier, ne s’avoue pas vaincu. Séquestré dans sa résidence mais ayant toujours accès au monde entier via notamment ses téléphones, il vient de se fendre d’une tribune en vertu de laquelle il essaie de démonter les arguments que le CNSP a mis en avant pour justifier le coup d’Etat. Choisissant le Washington Post pour cette première grande sortie, Mohamed Bazoum qui assume sa préférence pour le camp occidental, en profite également pour implorer l’appui les Etats-Unis et l’ensemble de la communauté internationale, en vue faire échec au putsch. Parce que dit-il, le succès de Tiani et Cie serait synonyme de « conséquences dévastatrices pour notre pays, notre région et le monde entier ».

Dès l’entame de sa tribune, Mohamed Bazoum donne le ton. « J’écris ceci en tant qu’otage », commence-t-il en effet. Celui dont la communauté internationale exige la réinstallation dans ses fonctions de président du Niger souligne en outre que le coup d’Etat n’est pas l’œuvre de toute l’armée. Seule « une faction » de celle-ci serait derrière le putsch. Encore que l’aventure dans laquelle cette faction s’est engagée « n’a aucune justification ». Et cela, il s’emploie à le démontrer tout au long de son texte.

D’abord, tient-il à le marteler : « Notre gouvernement est arrivé au pouvoir par une élection démocratique en 2021 ». Or, poursuit-il : « Toute tentative de renverser un gouvernement légal doit être combattue ». Et c’est en cela qu’il apprécie tout naturellement les prises de positions sans équivoque des Etats-Unis, de l’Union africaine, l’Union européenne et de la CEDEAO. Mohamed Bazoum s’attaque ensuite aux arguments mis en avant par les putschistes. « Les putschistes prétendent à tort qu’ils ont agi pour protéger la sécurité du Niger. Ils allèguent que notre guerre contre les terroristes djihadistes est en train d’échouer et que ma gouvernance économique et sociale, y compris des partenariats avec les États-Unis et l’Europe, a nui à notre pays », écrit-il.

Face à ces allégations, il oppose que la situation sécuritaire de son pays s’est nettement améliorée ces dernières années. Grace, tient-il à le faire remarquer, à l’appui de partenariats auxquels la junte se dit aujourd’hui opposée. En guise d’illustration, dans le sud où le pays fait face au défi posé par Boko Haram, il n’y aurait presque pas eu d’attaque depuis deux ans, écrit-il. Pour preuve, dans cette région, Mohamed Bazoum indique que les partenaires du Niger transfèrent de plus en plus l’aide humanitaire vers des initiatives de développement (construction d’énergie durable, l’amélioration de la productivité agricole et l’éducation de la prochaine génération de dirigeants nigériens). Les régions du nord et de l’ouest n’auraient quant à elles, subi aucune « attaque majeure depuis ma prise de fonction », écrit celui que la CEDEAO considère encore comme le président du Niger.  Estimant que grâce au soutien des alliés de son pays, le Niger n’a jamais été aussi sûr qu’il l’est aujourd’hui depuis 15 ans, Mohamed Bazoum soutient en particulier : « la situation sécuritaire du Niger est nettement meilleure que celle de nos voisins, le Mali et le Burkina Faso, dont les gouvernements, tous deux installés par des prises de contrôle militaires, soutiennent le coup d’État illégal ». Les junte malienne et burkinabè auxquelles il ne fait aucun cadeau. « Plutôt que de répondre aux problèmes de sécurité en renforçant leurs propres capacités, ils emploient des mercenaires criminels russes tels que le groupe Wagner au détriment des droits et de la dignité de leurs peuples », écrit-il en effet.

Mohamed Bazoum à qui la junte de Tiani reproche une mauvaise gouvernance économique et sociale, se défend sur ce front également. « Après une lente reprise après le covid-19 en 2021, notre taux de croissance par habitant a plus que triplé pour atteindre 7,4 % l’an dernier », note-il. Dans le volet social, écrit-il : « 2022 a été la première année du Niger sans un seul jour d’école perdu à cause de grèves d’enseignants ou d’élèves. Les travailleurs ne se sont mis en grève dans aucun secteur majeur et mon administration a signé des accords historiques avec les syndicats pour créer un environnement de travail plus sûr et plus stable dans tout le pays ». Un tel élan, dit-il, le Niger ne peut se permettre de le perdre.

Pourtant, prédit-il, c’est bien ce qui risque d’arriver, si le général Tiani et ses hommes réussissent leur coup. « Dans la région troublée du Sahel en Afrique, le Niger est le dernier bastion du respect des droits de l’homme au milieu des mouvements autoritaires qui ont englouti certains de nos voisins. Si cette tentative de coup d’État est une tragédie pour les Nigériens, son succès aurait des conséquences dévastatrices bien au-delà de nos frontières. Avec une invitation ouverte des putschistes et de leurs alliés régionaux, toute la région centrale du Sahel pourrait tomber sous l’influence russe via le groupe Wagner, dont le terrorisme brutal a été pleinement exposé en Ukraine. Boko Haram et d’autres mouvements terroristes profiteront sûrement de l’instabilité du Niger, utilisant notre pays comme base de départ pour attaquer les pays voisins et saper la paix, la sécurité et la liberté dans le monde. Ils intensifieront leurs efforts pour cibler nos jeunes avec un endoctrinement anti-occidental haineux, les retournant contre les partenaires mêmes qui nous aident à construire un avenir plus prometteur », estime-t-il en effet.

Revendiquant ouvertement sa préférence pour le camp occidental et s’adressant plus particulièrement au gouvernement américain, il implore l’aide de la communauté international pour le retour à l’ordre constitutionnel dans son pays. « Lutter pour nos valeurs communes, notamment le pluralisme démocratique et le respect de l’État de droit, est le seul moyen de progresser durablement contre la pauvreté et le terrorisme », assure-t-il. Promettant, en guise de conclusion, que le Niger « n’oubliera jamais votre soutien en ce moment charnière de notre histoire ».

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