La réquisition de l’armée pendant les périodes de tension sociopolitique, cela commence à intégrer les mœurs en Guinée. Sans cesse contestée, la pratique résiste néanmoins, au point que désormais, à chaque manifestation, on aperçoit des éléments de l’armée aux abords des quartiers contestataires. Interpellé ce mardi à propos, le ministre de la Défense indique qu’il y va de l’ordre dans le pays.
Le tout premier élément explicatif que fournit le ministre Aboubacar Sidiki Camara tient au rappel suivant : « La Guinée est un Etat ». Le ministre s’empressant de préciser que l’Etat, « c’est un territoire sur lequel se trouve rassemblée une population qui est soumise à un pouvoir de contrainte ».
L’autre explication résiderait dans le fait que la période que la Guinée vit aujourd’hui est une transition dirigée par des militaires. « L’armée (est) à la tête d’un pays et les gens se permettent de faire du n’importe quoi », lâche-t-il en effet. En somme, dit-il, même en période normale, « notre devoir (armée, ndlr), c’est de maintenir et protéger la population, assurer la continuité des institutions républicaines. Maintenant que nous-mêmes sommes responsables. Les gens veulent installer le (désordre) ».
Par ailleurs, selon le ministre, le recours à l’armée en période de troubles, n’est pas propre à la Guinée. « Tout dernièrement, dans les rues de Paris, on a vu des blindés. Quand vous descendez à l’aéroport Charles de Gaule, vous ne voyez pas les militaires ? Et puisque c’est la Guinée, chacun peut faire ce qu’il veut », s’interroge-t-il ?
Le critère fondamental reste l’ordre. Quand celui-ci est menacé, tous les Etats usent tous moyens pour le préserver ou le restaurer. En outre, conclut le ministre : « Il n’y a pas d’invention, ni de la part du CNRD, ni de la part du gouvernement. C’est la loi guinéenne qui dit que le ministre de l’Administration, du territoire, pour les besoins de sécurité, de la tranquillité des citoyens, peut requérir les forces de défense en troisième position. Première force, c’est la police. Deuxième force, c’est la gendarmerie. Troisième force, c’est l’armée ».
Aliou Nasta