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Transition en Guinée : Il n’y a pas de péril en la demeure, allons sereinement !

Je suis d’accord avec des gens qui pensent qu’on ne doit pas abandonner le débat public aux seuls hommes politiques et à ceux de la rue. Cependant, si nous devons débattre des affaires de la cité, il faut dire la vérité et toute la vérité !

En effet, ce qui doit préoccuper tout le monde en Guinée aujourd’hui, c’est la bonne conduite de la transition et sa fin heureuse, qui est le retour à l’ordre constitutionnel. Mais malheureusement, certains dont notamment les politiciens, sont obnubilés par la durée de cette transition en lien avec la question de la confiscation ou non du pouvoir par le CNRD. Ce qui est sans à la base d’une crise latente avec toute la psychose d’incertitudes et de chaos qui guette le pays. Mais comment en est-on arrivé là ?

Dans notre contribution, ici présente, nous allons analyser les causes de cette crise, notamment (l) la période de grâce qui a suivi le putsch, les solutions : le dialogue sérieux et le consensus et enfin mes sentiments personnels à savoir, le bénéfice du doute.

De la période de grâce

C’est cette période qui a suivi le renversement du président démocratiquement élu, le Professeur Alpha Condé, le 05 septembre 2021, par les hommes des forces spéciales avec à leur tête, le Lieutenant-Colonel Mamadi DOUMBOUYA, désormais Président de la transition. Au lendemain de ce coup d’Etat, Mamadi Doumbouya est perçu comme un héros.

De la nécessité de réussir un dialogue et un consensus

Pour ramener à l’ordre du jour le retour des civils au pouvoir, il faut le dialogue. Le vin est tiré, il faut le boire intelligemment cette fois-ci ! Il faut aller au dialogue sans condition et accepter le consensus. Les leaders que sont : Cellou, Sidya et Aboubacar Soumah, doivent rentrer très vite au bercail et rejoindre la table des négociations et accepter de faire des compromis, mais dans un minimum de cadre sécurisé que doit assurer le CNRD.  Ils ne sont pas en position d’imposer quoi que ce soit. Et ne doivent pas non plus exiger de par quelques stratagèmes vouloir d’un statu quo ante bellum en continuant à rappeler des prouesses électorales leur donnant des gabarits qui n’ont plus rien à voir dans ce contexte nouveau. Sinon, le raccourci peut-être le plus moins avis mais généralement partagé dans l’opinion publique où une certaine majorité silencieuse qui reste tout de même une masse critique non négligeable admet volontiers qu’ils ont démissionné, ceci, en laissant la voie trop libre à la junte incarnée par le CNRD. Est-ce cette zone de parfait confort que met à profit ce dernier pour tenter de charmer les pauvres populations guinéennes, longtemps laissées pour compte par les précédents régimes, en posant actuellement des actions de développement qui apparemment trouvent un retour très favorable et qui plaisent au peuple ? Qu’à cela tienne, même si ces temps qui courent beaucoup commencent à se lasser de l’immobilisme du Colonel Mamadi DOUMBOUYA qui semblait trancher dans le vif, tous les complexes et multiples nœuds gordiens rencontrés çà et là dans les sentiers tortueux de la REFONDATION en cours. Plusieurs ont déjà commencé à dénoncer des détournements sans rien prouver.

La classe politique ne peut pas et ne doit pas attendre que la situation pourrisse et s’en remettre à des soulèvements populaires pour imposer la démocratie au prix de plusieurs litres de sang d’innocentes victimes toujours instrumentalisées sur de vaines bases subjectives. Cela n’a jamais porté de bons résultats. L’exemple burkinabè est illustratif.

Par le dialogue sincère, et le consensus on pourrait efficacement accompagner tous le CNRD et le contraindre intelligemment ou subtilement au respect de sa propre charte. Mais à condition qu’on ne fasse pas un autre jeu de dupes que l’on s’en tienne à l’option d’un dialogue sincère et de bonne foi. On ne gagnera rien de bénéfique pour le peuple à ouvrir un front contre cette junte.  Elle n’est pas au pouvoir par élection, donc peu sensible aux jeux politiques et très à l’aise dans l’épreuve de force pour laquelle les principaux leaders ont été formés. On pourrait par contre, la prendre à l’usure, avec l’acceptation des règles du jeu, leur propre règle qu’on les a laissés faire à loisir. Avec la vigilance et l’accompagnement de la communauté internationale, on peut aboutir calmement à l’organisation des élections et au retour tant souhaité des civils au pouvoir

Du bénéfice du doute

Ceux qui prêtent au Colonel Doumbouya l’intention de confisquer le pouvoir, pratiquent un jeu de dévination dangereux. Il n’a jamais dit qu’il ne va pas organiser les élections. Au contraire, il a toujours répété sans cesse que ni lui, ni les membres du CNRD ou du gouvernement ne seront candidats aux différentes élections. Ceci constitue jusqu’à preuve de contraire et de façon irréfutable un gage pour des élections crédibles et transparentes dont les résultats seront acceptés de tous. C’est ce qui est officiel et ce à quoi on doit s’attendre avec conviction, visualiser et ressentir pour le provoquer par la force mentale collective et par nos actions de tous les jours.

Ceci n’est pas une simple activité spirituelle. C’est ce que je pense à travers quelques actes précis.  C’est le cas de l’adoption d’un chronogramme dynamique décliné en dix (10) points pour le retour à l’ordre constitutionnel. Et assorti d’un budget estimé à 600 millions de dollars USD. Force est de constater que parmi ces différentes étapes, il y a des avancées, notamment le projet de la nouvelle constitution qui sera bientôt publié. Aussi, tout récemment, le vote par le CNT des lois portant sur : les recensements et l’identification physique de la population qui devront tous concourir à la confection du fichier électoral.

De tout ce qui précède, il faut noter que le processus est enclenché, au rythme de la junte, c’est à dire pas à pas. Lentement, très lentement, mais sûrement.

Il revient désormais aux leaders politiques, religieux, de la société civile, du syndicat , de la jeunesse, des femmes… de l’élite intellectuelle, de comprendre  l’intérêt supérieur de la Guinée et sensibiliser consciencieusement le reste du peuple vers ce qui peut être avantageux pour le bien de notre pays :  forcer la junte à accélérer vaille que vaille le processus du retour à l’ordre constitutionnel ou suivre la cadence à pas feutrés pressée de la junte dirigée par notre Laye Mady national !

Dans les deux cas, il faut s’assurer bien avant, d’avoir les moyens de son choix.

Bonne issue au peuple martyr de Guinée.

Aboubacar Fatoumata Sylla,

Juriste, analyste politique

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