Les Sénégalais en général et la classe politique en particulier, attendent de lui qu’il se décide à annoncer la prochaine date de l’élection présidentielle, conformément à la décision récente du Conseil constitutionnel. Autrement, on attend de lui qu’il pose un acte. Mais c’est la parole que le président sénégalais s’apprête à servir à ses compatriotes et au monde entier. En effet, ce jeudi, dans la soirée, Macky Sall via un entretien accordé à trois de nos confrères sénégalais, s’exprimera sur la crise qui secoue le pays depuis le début du mois. Mais la probabilité est très grande pour qu’il nous serve ce que nous n’avons pas forcément besoin d’entendre. Parce qu’il n’est plus évident qu’il soit encore possible de tenir le scrutin présidentiel de manière à permettre un passage de témoin au 2 avril 2024.
Dans le contexte de crise que vit aujourd’hui le Sénégal, le choix par le président Macky Sall du format de l’entretien simultanément accordé à trois médias, laisse croire que le message qu’on voudrait faire passer porte davantage sur la sensibilisation. Une sensibilisation que l’entourage du président sénégalais voudra certainement inscrire dans la dynamique de la détente symbolisée par la libération récente de plus de 300 détenus politiques. A court d’options, Macky Sall a conscience que l’approche martiale dont il s’était davantage servie a atteint ses limites. Désormais, il veut devenir aussi doux qu’un agneau, en vue de sauver ce qui peut encore l’être. De cette nouvelle posture empreinte d’humilité, espère-t-il réussir à faire passer l’annonce amère qu’il s’apprête à faire.
Parce qu’il y a de fortes chances qu’on sorte de ce grand oral avec l’annonce qu’il est impossible de tenir la présidentielle avant le 2 avril prochain. Et le fait est que le président sénégalais n’aura pas forcément tort. Même si c’est lui-même qui a créé les conditions qui rendent intenable le scrutin avant la fin de son mandat. Précisément, 39 jours nous séparent de la date fatidique du 2 avril. On n’a donc plus le temps de relancer une campagne électorale devant prendre une vingtaine de jours, d’organiser le premier tour, d’envisager un second tour et la période de recours, le tout en moins de 40 jours. L’objectivité commande qu’on l’intègre. Et c’est ce que Macky Sall pourrait nous dire en substance. Mais il s’évertuera à le dire en y mettant une certaine bonne foi. A l’occasion, il pourrait même admettre toute sa part de responsabilité. Mais surtout, il recherchera la compréhension et l’adhésion de ses compatriotes, en leur promettant une élection des plus transparentes. Sera-ce suffisant pour que les Sénégalais consentent à le laisser demeurer au palais au-delà du 2 avril ? On verra bien !
Boubacar Sanso Barry