La joie consécutive à la libération de Sékou Jamal Pendessa a tendance à faire oublier que le journaliste a pourtant été condamné. Il a écopé en fait de trois d’emprisonnement dont un mois et six jours ferme. Mais puisque la peine d’emprisonnement ferme qui lui a été infligée équivaut à la période qu’il venait de passer en détention, il a pu sortir de la prison. Mais cela n’efface pas la mention de sa condamnation notamment dans son casier judiciaire. Or, cela a quelque chose de dégradant surtout si l’on tient compte des motifs réels pour lesquels il a été arrêté, le 19 janvier dernier. D’où le souhait de ses avocats de ne pas en rester à cette condamnation. Ils comptent désormais saisir la Cour suprême.
Pour Me Salifou Béavogui, le verdict qui a été rendu dans le procès du secrétaire général du SPPG est une sorte d’arrangement qui a été trouvé pour offrir à la justice guinéenne une porte de sortie qui soit honorable. « Cette décision est juste une façon de soigner un peu l’image de la justice », a confié l’avocat.
L’image de la justice est peut-être sauve. Mais il n’en est pas de même de celle de Sékou Jamal Pendessa. Tout au contraire, la condamnation du journaliste pourrait affecter son image pendant longtemps. Or, cela, ses avocats, convaincus de son innocence, n’entendent pas l’accepter. « A la sortie de cette audience, nous allons exercer le pourvoi en cassation contre cette décision pour que la cour suprême casse et annule cette décision parce que c’est un innocent qui a été jugé et condamné », promet Me Béavogui.
Pour l’avocat, le cas Pendessa aura été un enseignement et précédent qui devrait, selon lui, inspiré la justice guinéenne. Il note en effet qu’entre la condamnation en première instance et le procès en appel, les choses sont allées très vite. Et c’est la preuve, à ses yeux, que la justice est bien capable de faire montre de diligence dans la gestion des procédures. Il se trouve pourtant que de milliers de citoyens condamnés en première instance attendent des mois durant leur procès en appel. « A la Maison centrale, il y a des gens qui ont fait plus de 8 mois sans être appelés, alors qu’ils sont condamnés avant Pendessa. Du coup, nous avons compris que la justice guinéenne peut faire mieux. Nous en appelons au professionnalisme des magistrats, dès que des libertés sont confisquées, qu’ils accélèrent les procédures pour que les différentes cours d’appel se prononcent sur des cas de détention. Il y va de l’intérêt de la justice et du respect des droits et libertés des personnes », exhorte l’avocat. Qui appelle les magistrats à faire en sorte que le principe d’égalité des citoyens devant la loi se matérialise sur le terrain. Que l’on Sékou Jamal Pendessa, soutenu par l’ensemble des centrales syndicales, ou non.
Aminata Camara