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Fidèle Sarassoro, joker d’Alassane Ouattara pour la présidentielle de 2025 ?

En Côte d’Ivoire, alors que leuphorie de la victoire à la CAN 2023 fait peu à peu place à la réalité quotidienne, le jeu politique quant à lui reprend ses droits. C’est ainsi qu’au cours d’une annonce faite le 22 février dernier, le président ivoirien, Alassane Ouattara (ADO), a accordé sa grâce à une cinquantaine de personnes, parmi lesquelles des proches de Guillaume Soro et Laurent Gbagbo. Cette mesure, motivée selon le communiqué officiel par le désir de « consolider la paix dans le pays », vise à apaiser davantage l’espace politique avant le début de la prochaine séquence électorale.

Et, justement, à un peu plus d’un an et demie de la prochaine élection présidentielle, s’il ne fait aucun doute que, Tidjane Thiam, 62 ans, ancien ministre du Plan d’Henri Konan Bédié, sera le porte-étendard du PDCI-RDA (Parti Démocratique de Côte d’Ivoire–Rassemblement Démocratique Africain) lors de ce scrutin, l’on se demande encore quels seront ses adversaires notamment en ce qui concerne le RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix). La question vaut son pesant d’or tant le pays semble à un tournant décisif de sa riche, longue et parfois tumultueuse histoire.

D’Agboville à Samatiguila en passant par Bondoukou ou encore Toulepleu, ils sont sans doute très nombreux à se demander si, à 82 ans, Alassane Ouattara sera tenté par un dernier challenge ou s’il passera la main à la « jeune génération » comme il s’y était déjà engagé une première fois le 5 mars 2020. Ce jour-là, à la faveur d’un congrès extraordinaire, le RHDP actait la désignation d’Amadou Gon Coulibaly (AGC), comme candidat de la coalition au pouvoir à l’élection présidentielle prévue en octobre de la même année. Un passage de témoin qui ne se concrétisera jamais car 4 mois plus tard, AGC rendait l’âme dans les circonstances que l’on sait.

Un destin contrarié qui pourrait bien sourire à une autre figure montante de la majorité présidentielle, elle aussi originaire du nord du pays : Fidèle Sarassoro. Agé de 63 ans, ce diplomate chevronné, à la carrière onusienne bien remplie dispose de plusieurs atouts afin de s’imposer comme une alternative sérieuse si Alassane Ouattara décidait de renoncer à se présenter à l’élection présidentielle de 2025.

Fils de Hyacinthe Sarassoro, haut cadre et membre fondateur du RDR (Rassemblement Des Républicains), Fidèle Sarassoro évolue dans le cercle restreint du chef de l’État ivoirien depuis sept ans. Dans le sillon du deuxième mandat de ce dernier, il a occupé successivement les postes de chef de cabinet et conseiller spécial, puis de ministre directeur de cabinet de la présidence. Élu député de Sinématiali en 2021, sa ville natale, il a depuis étendu son influence politique en devenant président du conseil régional du Poro, un bastion du RDR puis du RHDP depuis plusieurs décennies. Réputé pour être un homme de dossiers compétent, méthodique et peu clivant, il a, un temps, été évoqué comme l’un des possibles successeurs de Patrick Achi à la Primature avant d’être finalement confirmé à la présidence de la république.

Ce docteur en économie, diplômé de l’université de l’Illinois aux Etats-Unis, technocrate pur jus, est devenu, en l’espace de quelques années, un maillon essentiel de l’appareil politico-sécuritaire de la Côte d’Ivoire. Il n’est donc pas étonnant de le voir superviser le plan de renforcement de l’armée en cours (pour une valeur de 150 millions d’euros), en sa qualité de directeur exécutif du CNS (Conseil national de sécurité), en étroite collaboration avec Téné Birahima Ouattara, ministre de la Défense et influent frère du président. Ce qui dénote du degré de confiance que lui accorde le chef de l’Etat ivoirien.

Toutefois, il convient d’observer que, malgré son ascension remarquable au sein de l’establishment politique, Fidèle Sarassoro demeure relativement méconnu du grand public. Un des défis qu’il lui faudra relever sera sans doute de s’employer à accroître sa notoriété auprès des électeurs tout en démontrant sa capacité à faire face aux enjeux sociaux et économiques du pays, tout en construisant une stature politique solide.

Ces défis font écho aux points communs qu’il partagerait avec Tidjane Thiam, probable alter ego côté PDCI-RDA. Le microcosme politique ivoirien assisterait ainsi à l’avènement d’une nouvelle rivalité qui marquerait définitivement un changement générationnel d’acteurs et façonnerait l’avenir du pays de manière décisive pour les 20 prochaines années.

Souleymane Camara

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