Le pays de l’Oncle Sam, à travers le Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail (DRL) vient de publier son rapport annuel sur la situation des droits de l’homme dans le monde pour l’année 2023. Et la Guinée n’est pas logée à la bonne enseigne. Il en ressort en effet qu’au cours de la période couverte, les organismes de défense des droits humains ont notamment recensé dans le pays des cas d’assassinats arbitraires ou illégaux, voire des exécutions extrajudiciaires ; de torture ou de traitements ou peines cruels, inhumains ou dégradants de la part des autorités ; ou encore des restrictions graves à la liberté d’expression et des média, y compris la violence ou des menaces de violence contre des journalistes, la censure et les menaces d’application de la législation relative à la diffamation criminelle.
« On a signalé de nombreux cas d’exécutions arbitraires ou illégales, y compris d’exécutions extrajudiciaires, commises par le gouvernement ou ses agents au cours de l’année », peut-on lire notamment dans le rapport publié sur le site de l’ambassade des Etats-Unis en Guinée. A l’appui de cette affirmation, le rapport rappelle qu’en septembre 2023, les Forces vives de Guinée (FVG) avaient publié une liste de « 30 personnes qui, selon elles, auraient été tuées par les forces de sécurité lors de manifestations depuis juin 2022 ». De même, le rapport relève les 7 personnes qui pourraient avoir été tuées dans le sillage des manifestations organisées le 10 et 11 mai de l’année passée par les FVG, pour demander la libération de leurs dirigeants et un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Pour ce qui est de la torture et autres traitements ou punitions cruels, inhumains et dégradants, le rapport, s’appuyant sur des déclarations d’ONG de défense des droits de l’homme, note : « des agents de sécurité identifiés comme des « officiers de police judiciaire » ont abusé des détenus pour les contraindre à faire des aveux. Les militants des droits de l’Homme ont observé que les abus les plus flagrants se produisaient lors des arrestations ou dans les centres de détention. Les associations de défense des droits de l’Homme ont déclaré que les plaignants présentaient souvent des preuves de violence et que les gardiens n’ont pas enquêté sur ces plaintes. Elles ont également affirmé que les gardiens ont maltraité des détenus, y compris des enfants, et contraint certaines femmes à échanger des faveurs sexuelles contre un meilleur traitement ».
Pour ce qui est de la liberté d’expression et de la presse et des conditions d’exercice du journalisme, le rapport souligne sans ambages : « Au cours de l’année, les autorités ont restreint la liberté d’expression et la liberté de la presse en intimidant les journalistes et auraient censuré Internet ». Dans les détails, il relève notamment l’arrestation le 16 octobre 2023, de 13 journalistes, en marge d’une manifestation appelée par le SPPG pour protester contre les atteintes présumées des autorités à la liberté de la presse. Il est aussi question des restrictions dont les sites guineematin.com et inquisiteur.net ont fait l’objet durant des mois. Plus globalement, « le gouvernement a continué à faire pression sur la Haute Autorité de la Communication (HAC) pour qu’elle renforce la surveillance des média et des journalistes », peut-on lire dans le rapport.
Même si le contenu de ce rapport couvre plutôt l’année 2023, il y a qu’il a un écho particulièrement retentissant aujourd’hui encore, parce que sa publication coïncidant notamment avec cette période marquée par la fermeture des principaux médias du pays.
Ledjely.com