Le mardi soir, à la tombée de la nuit, des véhicules blindés avec à leur bord des hommes armés, ont fait une descente musclée dans le quartier Kountia, en haute banlieue de Conakry, précisément au domicile du général Sadiba Coulibaly, ex chef d’Etat-major des armées. Cette descente inattendue, accompagnée de tirs en balle réelle a provoqué chez les voisins de celui qui est désormais ambassadeur à Cuba, une psychose dont ils peinent à émerger.
Sur les réseaux sociaux, les vidéos sont devenues virales. Elles montrent plusieurs véhicules de l’armée, notamment des blindés des forces spéciales, les mêmes que ceux aperçus lors du coup d’Etat contre le président Alpha Condé, se dirigeant vers le domicile de l’ex chef d’Etat-major des armées. Les voisins en parlent encore avec effroi. « J’étais parti saluer dans une famille mortuaire. A mon retour, j’ai constaté qu’il n’y avait pas de passage. Des pick-up étaient stationnés partout. Je n’ai pu rentrer chez moi que dans les bandes 22 heures », témoigne Aissatou Lamarana
« Je les ai vus tourner pour prendre la bretelle. C’était une colonne de plus de 7 véhicules. C’est après ça que j’ai entendu des tirs. J’avais eu peur », avoue de son côté Mamadou Mamou.
Sur les lieux, le traumatisme est tel que la camera n’est pas admise. Trois gendarmes, arme au poing, sont aux aguets sous un arbre situé derrière le mur d’enceinte du domicile du général. Ils ne boudent pas nos salutations, mais se refusent à poursuivre les discussions. A l’intérieur, de la cour, le silence est total. Mais les impacts de balles sont encore visibles sur le portail. « Les militaires sont venus ici hier. Moi je m’apprêtais à prier. C’est en ce moment qu’on a entendu des coups de feu venant de chez le général. On avait peur. Ensuite, j’ai quitté ma natte pour aller dans la chambre. Je suis sorti trois fois pour prier, mais en vain. Ceux qui ont prié hier ici ne sont pas nombreux. Après, ils ont commencé à fouiller un peu partout dans le quartier. Quand les tirs ont commencé. C’était la panique totale ici », raconte Mamadama Sylla.
Pour le moment, aucune information n’a été donnée par les autorités sur cette descente aussi musclée que soudaine. Mais en ce qui concerne les citoyens de Kountia, ils se disent terrorisés. Même si des indiscrétions laissent croire que l’ancien CEMGA a été mis aux arrêts.
Mais les citoyens du quartier ne souhaitent pas revivre un tel traumatisme. « Quand j’ai entendu les tirs, j’ai eu la diarrhée directement. Ça m’a vraiment fatigué. Depuis, ça m’empêche même de dormir. Nous invitons les autorités à veiller à ce que ces pratiques soient évitées, sinon ça risque de créer des dommages », lance Safiatou Bérété, une habitante du quartier.
Aliou Nasta