Le ministre russe des Affaires étrangères a été reçu par le général Mamadi Doumbouya lundi 3 juin à Conakry. Cette visite, selon les autorités guinéennes, s’inscrit dans le cadre du renforcement de coopération entre les deux pays. Mais au-delà de ce terme générique dans le langage diplomatique, que cache ce déplacement de celui qui, sans doute, chapeaute la nouvelle percée que réussit la Russie sur le continent africain ? La rédaction du Djely a interrogé quelques observateurs.
La visite de Sergueï Lavrov, s’accordent tous nos interlocuteurs, est à inscrire dans le cadre de la bataille géopolitique que se livrent les grands de ce monde pour la reconquête de l’Afrique. Terrain sur lequel le pays de Vladmir Poutine est particulièrement actif ces dernières années. Ainsi, à en croire Mohamed Camara, économiste, gérant du cabinet Mocam Consulting, le passage de Lavrov à Conakry cache une volonté de la Russie de discuter avec le général Doumbouya de la possibilité que la Guinée puisse servir d’ouverture maritime pour les pays de l’AES, acquis à la Russie.
Mais la Guinée, en tant que telle, a des atouts qui intéressent la Russie. Notamment les réserves de bauxite et l’or. D’autant que les entreprises russes évoluant dans le domaine minier sont aujourd’hui à la peine du fait des sanctions occidentales. « En 2023 ces sociétés ont connu une baisse de leur production et de leur exportation. KOBAD et CBK n’ont exportés que 5 millions de tonnes de bauxite sur les 129 millions que la Guinée a exportées en 2023. Ces entreprises sont en baisse de régime. Donc ils sont en difficultés vis-à-vis de l’administration fiscale », note M. Camara.
L’autre raison de l’intérêt que les mines guinéennes pourraient susciter de la part de la Russie, c’est la transition énergétique qui nécessite des ressources dites critiques que l’on trouve en Guinée. D’autant qu’une de ces ressources, c’est justement la bauxite qu’on trouve en abondance dans le sous-sol guinéen. « Aujourd’hui on parle de transition énergétique et pour maintenir cette transition énergétique, on a besoin des ressources appelés critiques. Parmi ces ressources, il y a la bauxite qui est inscrit sur la liste de l’Union européenne. Et sans la bauxite de la Guinée, on ne peut même pas parler de transition énergétique, ni d’aluni. Donc la Russie est à la conquête et à la sécurisation des marchés d’approvisionnement en bauxite », indique Oumar Totya Barry, chercheur dans le domaine minier.
Aliou Nasta