Le ministre en charge des Transports, Ousmane Gaoual Diallo, est bien là. Mais le porte-parole du gouvernement, lui, a totalement disparu des radars. S’il était question de faire le bilan du premier trimestre de Bah Oury à la primature, cet effacement du porte-parole du gouvernement en ferait indubitablement partie. Parce que depuis l’arrivée du nouveau chef du gouvernement, il a repris à son compte toute la communication. Est-ce là le résultat d’une réorganisation stratégique ou bien la conséquence d’un rapport de force qui a tourné en faveur de Bah Oury ? Là est toute la question.
Il fut un temps où Ousmane Gaoual Diallo mettait davantage en avant son statut de porte-parole du gouvernement. Ou en tout cas, il était davantage perçu avec ce statut que celui de ministre sectoriel. Eh bien, cette époque-là est manifestement révolue. Désormais, il apparait plus comme ministre en charge des Transports. C’est ainsi qu’il fait le tour des chantiers dont ceux des aérodromes dans les différentes capitales régionales. Plus question pour lui d’interventions polémiques sur le calendrier électoral ou le processus de dialogue politique.
Parce que Bah Oury ne lui en laisse ni le temps, ni l’occasion. Ces dimensions-là, le locataire du palais de la Colombe en fait son affaire. A défaut de communiquer dans les médias guinéens , le chef du gouvernement enchaine les interviews dans la presse étrangère : Rfi, TV5monde, Jeune Afrique. Ensuite, il y a eu deux conférences de presse qu’il a lui-même animées. Enfin, il est quasiment de tous les évènements publics où la prise de parole est requise. Sans oublier les quelques rencontres qu’il a eues avec les acteurs sociopolitiques au cours desquelles il a notamment annoncé le principe du glissement du chronogramme de la Transition.
Avec un tel activisme, il est vrai que Gaoual a une marge de manœuvre plutôt réduite. D’autant que le chef du gouvernement lui-même n’hésite pas à aller au front et à aborder les sujets qui fachent. Même le sale boulot, il ne le délègue pas. Il s’en charge lui-même. Au point qu’on pourrait penser qu’Ousmane Gaoual Diallo est victime de ce dont les procureurs ont fait les frais de la part de l’ancien ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright. L’omniprésence de la hiérarchie faisant passer les subordonnés au second plan. Et à la différence de ces deux prédécesseurs qui n’étaient pas toujours à l’aise sur les questions politiques, Bah Oury, lui, en est un produit.
Désormais, le porte-parole du gouvernement doit se contenter du très millimétré compte-rendu du conseil des ministres. Pour le reste, comme Saleh Kebzabo au Tchad, l’ancien opposant Bah Oury s’acquitte si bien de sa mission au côté du CNRD, qu’il n’est pas sûr que le général Doumbouya regrette tant que ça Ousmane Gaoual Diallo. Encore qu’il n’y a pas que Gaoual qui passe à la trappe. Alors que Mory Condé lui aussi semblait émerger du lot quand il était aux manettes au ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, son successeur s’y fait tout petit. Ibrahima Kalil Condé se contentant de suivre les lignes tracées par le PM. On pourrait croire que ce dernier a réussi à discipliner les uns et les autres et que c’est l’époque des « super-ministres » qui semble, elle-même, révolue.
Boubacar Sanso Barry