Les trois mea culpa distillés dans la presse et via les réseaux sociaux n’ont pas suffi. Ibrahima Tawel Camara et Djénè Diaby, les deux commissaires de la Haute autorité de la communication (HAC) qui, le 12 juin dernier, ont proféré de graves accusations à la fois contre la présidence de la république et les patrons des principaux médias du pays, ont passé la nuit dernière à la Maison centrale. Ils y ont été déposés hier dans l’après-midi, à la suite de leur inculpation pour diffamation à l’encontre du chef de l’Etat, par le tribunal de première instance de Kaloum.
Ainsi donc, le problème ne vient pas de là ils s’attendaient nécessairement. En effet, c’est la plainte déposée à leur encontre par les patrons de presse qui, jusqu’ici, constituait la principale menace pour Tawel et Djénè. Mais avec leurs multiples excuses, ils espéraient en venir à bout. Surtout que leur comparution devant le TPI de Dixinn n’était programmée que le 11 juillet prochain. Il y avait donc suffisamment de temps pour que d’hypothétiques médiateurs puissent intervenir et dissiper le malentendu. Mais avec l’accélération que la dimension du chef de l’Etat imprime sans doute au dossier, leur sort est plus qu’incertain désormais.
Il est à rappeler que les ennuis de ces commissaires résultent d’une sortie au cours de laquelle, le 12 juin 2024, à Kankan, ils affirmaient que les patrons de presse ont perçu de grosses sommes d’argent des mains du général Mamadi Doumbouya, président de la Transition, en contrepartie d’une communication en faveur de ce dernier. Particulièrement remontés contre les patrons de presse et les animateurs des grandes émissions de débat dans ces principaux médias, ils accusaient également le CNRD d’une si ferme volonté de garder le pouvoir que les militaires n’hésiteraient pas à commettre les pires violations des droits humains, pour arriver à cette finalité. Et c’est peut-être le pan de cette sortie que Tawel et Djénè pourraient avoir à regretter le plus.
Fodé Soumah