Le président de la transition, le général Mamady Doumbouya, a récemment annoncé, par décret lu à la télévision nationale, la tenue d’un référendum constitutionnel prévu pour le 21 septembre 2025. Cette décision a rapidement suscité une vive réaction de la part de Souleymane Souza Konaté, président de la Commission Communication de l’ANAD et conseiller chargé de la communication de Cellou Dalein Diallo. Selon Souza Konaté, cette annonce ne constitue en rien un pas vers la démocratisation du pays, mais représente plutôt une manœuvre destinée à « perpétuer la dictature » du CNRD.
Souza Konaté insiste sur le fait que cette annonce intervient dans un contexte où les conditions nécessaires à un référendum constitutionnel ou à des élections libres sont complètement absentes. « Comment accorder le moindre crédit à la tenue d’un référendum le 21 septembre 2025, alors que le texte constitutionnel est toujours en cours d’examen par un collège d’experts et que les conditions fondamentales d’une élection crédible sont inexistantes ? » s’interroge-t-il. Il dénonce ainsi l’absence de plusieurs éléments essentiels, tels qu’un fichier électoral fiable, un organe de gestion indépendant, ou encore un consensus minimal sur la conduite du processus électoral.
Souza exprime également de vives inquiétudes concernant le traitement du fichier électoral. Il rappelle qu’un fichier fiable avait été utilisé lors de la présidentielle du 18 octobre 2020, validé par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ce fichier aurait pu être mis à jour simplement en radiants les électeurs décédés et en intégrant les nouveaux inscrits. Cependant, le CNRD a choisi d’engager un processus bien plus complexe et controversé avec le Recensement Administratif à Vocation d’État Civil (RAVEC), une procédure qui a échoué à de multiples reprises.
En outre, Konaté critique vivement l’exclusion des partis politiques des commissions de recensement. Il estime que cette exclusion démontre une volonté délibérée de maintenir l’opacité et de manipuler le processus électoral à l’avantage de la junte. Il rappelle que l’histoire a prouvé qu’« une élection sans contrôle indépendant se transforme toujours en mascarade électorale ».
Konaté s’inquiète également de la militarisation du ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), qui joue un rôle crucial dans la gestion des élections. « Ce ministère a déjà été impliqué par le passé dans des fraudes électorales massives : bourrages d’urnes, falsifications de procès-verbaux, intimidations et violences », rappelle-t-il. Dans ce contexte, il se demande comment espérer une élection crédible sous le contrôle de cette institution militarisée, dont la gestion des élections est plus que suspecte.
Face à ce qui lui semble être une dérive autoritaire, Souleymane Souza appelle le général Mamadi Doumbouya à mettre un terme à ce qu’il qualifie de « supercherie ». Il demande à la junte de revenir aux fondamentaux d’une transition responsable, notamment en assurant une gestion courante de l’État et en organisant des élections crédibles. Pour lui, la Guinée ne peut plus être « prise en otage » par des manœuvres dilatoires. Le peuple doit pouvoir choisir librement ses dirigeants, et il est urgent de tourner la page de l’incertitude et de l’injustice qui gangrènent actuellement le pays.
Enfin, Konaté conclut en insistant sur le fait que la Guinée doit retrouver le chemin de la démocratie. « Le peuple doit pouvoir choisir librement ses dirigeants », déclare-t-il fermement, soulignant que la stabilité du pays passe par une transition honnête et un retour aux principes démocratiques.
Thierno Amadou Diallo