En célébrant en différé la journée internationale des femmes dans l’industrie minière, Women In Mining Guinée (WIM) a organisé ce vendredi 28 juin 2024, la 2ème édition du WOMINES sous le thème : « Comment favoriser une meilleure implication des femmes dans le secteur minier en Guinée » ? La cérémonie s’est déroulée dans un complexe hôtelier de la place en présence des acteurs miniers, des autorités étatiques et des compagnies minières.
Espace de dialogue et de partage d’expériences pour promouvoir l’implication des femmes dans le secteur crucial des mines en Guinée, la rencontre a aussi permis de faire l’état des lieux des impacts de l’exploitation minière sur les communautés, notamment sur les femmes, et d’élaborer un plan d’action stratégique pour améliorer les conditions des femmes dans le secteur minier. S’inscrivant par ailleurs, dans le cadre de la journée internationale de la femme dans l’industrie minière, le Forum était en outre dédié à la sensibilisation sur les avancées réalisées en matière d’égalité des sexes dans le secteur minier, ainsi qu’à la réflexion sur les défis qui demeurent.
En tant qu’association dédiée à soutenir et à améliorer les conditions de vie et d’épanouissement des populations, en particulier les femmes œuvrant dans le secteur minier, Women In Mining Guinée (WIM Guinée) joue un rôle primordial dans la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans l’industrie minière en Guinée. Quoiqu’à en croire sa présidente, Aïssata Béavogui, le secteur minier guinéen demeure encore largement dominé par les hommes, les femmes représentant actuellement que 10 à 17% de la main d’œuvre. Mais il dit percevoir un tournant important. « De plus en plus de femmes intègrent le secteur minier, elles progressent dans leur carrière, dirigent des équipes et contribuent aux projets menés sur le continent. Alors que se tient la journée internationale des femmes dans l’industrie minières, nous célébrons le rôle de plus en plus important qu’elles y jouent à l’échelle mondiale », indique-t-elle. Et cette dynamique positive, elle engage son organisation à l’accompagner et à l’amplifier. « En tant que femme travaillant dans le secteur minier depuis plus de 10 ans, la mission de mon organisation est de sensibiliser aux opportunités que ce secteur offre aux femmes et de faire tomber les barrières qui les empêchent de rejoindre cette industrie. Il est essentiel que nous sensibilisons nos décideurs politiques et nos chefs d’entreprises à l’importance cruciale de promouvoir et de soutenir la diversité au sein de tous les secteurs de croissance de notre pays…. Il est dans l’intérêt de tous de veiller à ce que les femmes aient accès à un avenir promoteur », recommande Aïssata Béavogui.
Prenant part à la rencontre, la ministre du Commerce, de l’Industrie et des PME, Dre Diaka Sidibé a animé avec l’ancienne ministre du Sénégal, Aminata Touré, le panel sur la question du leadership féminin. « Nous devons prendre notre responsabilité et déconstruire les stéréotypes afin que nous puissions être à ce niveau de responsabilité, que ce soit dans le domaine politique ou encore dans le domaine minier. Donc, le conseil que nous avons pu lancer aujourd’hui c’est comment oser s’investir, se former, avoir des compétences et aussi des responsabilités », exhorte-t-elle.
Pour sa part, Bertrand Guillamot, directeur des ressources humaines de la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG) a partagé de son entreprise en matière de recrutement et de rétention pour attirer et maintenir les jeunes femmes et les employées dans les postes techniques. « La stratégie d’attraction et de rétention, c’est une chose, mais elle est forcément et fondamentalement dépendante du vivier qui est disponible. Le vivier disponible, on a toujours la possibilité, évidemment de pouvoir former les gens, mais en fonction d’un plan minier, en fonction d’une organisation et d’une stratégie minière, l’entreprise ne peut pas tout faire. L’entreprise peut se limiter, doit se limiter pour pouvoir être pérenne et pour pouvoir donner de l’avenir. L’entreprise doit se limiter à son rôle et du mieux qu’elle peut. Ce projet à la fois d’attraction et de rétention s’inclut dans un projet beaucoup plus global qui doit être un projet actif qui inclut les différents acteurs et chacun de ces acteurs doit être actif à son niveau. Le rôle des sociétés, l’attraction et la rétention pour les jeunes femmes, elle se fait en ce qui nous concerne par une discrimination positive. La société a exigé qu’au moins deux candidats sur cinq soient des femmes », explique-t-il, plutôt objectif.
L’ancienne première ministre du Sénégal aussi partage sa vision sur la problématique. « La situation des femmes dans l’industrie minière reflète la situation des femmes dans l’économie minière en général avec le paradoxe que l’on souligne qu’elles sont de grandes contributrices sans qui la vie communautaire n’existerait pas tout simplement. Ça, je crois qu’il faut également que nos industries en tiennent particulièrement compte », lance-t-elle.
De fait, selon un rapport de la Banque mondiale, les femmes dans l’industrie minière, qu’elles travaillent à grande ou à petite échelle, rencontrent des obstacles significatifs à une participation pleine et digne, notamment des préoccupations en matière de sécurité, des environnements dangereux et un risque accru de violences sexuelles et sexistes. Les cadres législatifs continueraient également d’entraver leur participation. L’illustration en cela, ce serait que la majorité des codes miniers et des lois foncières ne soutiendraient pas adéquatement l’accès des femmes aux ressources.
Fodé Soumah