Le procès de l’ancien ministre des Mines, Ahmed Kanté, poursuivi par la société Africa Bauxite Corporation (ABC) s’est poursuivi ce lundi 8 juillet 2024 au tribunal de première instance de Kaloum. Et cette fois, l’ancien ministre était bel et bien là. A lui et à deux autres de ses anciens employés, Claude Lorcy et Philippe Rogers, il est reproché des faits présumés d’abus de confiance et de concurrence déloyale. Des accusations qu’Ahmed Kanté a balayé du revers de la main.
Aux yeux d’Ahmed Kanté, la poursuite dont il fait l’objet est à la fois fantaisiste, et non fondée. « Je suis accusé devant ce tribunal par une société appelée ABC. En ce que je sache, je n’ai pas de relation avec cette société. Cette société a été créée le 5 novembre 2018, et après le 1e r février 2019, la société s’est effondrée. Il n’y a pas d’actes entre cette société et moi. Je n’ai aucune relation avec ABC. Ni dans le fond, ni dans la forme. Je n’ai rien reçu d’ABC de quelque nature que ce soit. Je trouve cette accusation, fantaisiste et non fondée. L’objectif, c’est de ternir ma réputation. Il s’agit d’une tentative de déstabilisation, une tentative de ternir ma réputation, une tentative de saboter une activité qui est conduite par des Guinéens et qui enregistre des succès », s’est défendu l’ancien ministre.
S’appesantissant ensuite sur sa propre société, AGB2A-GIC, il a indiqué que cette dernière, évoluant dans le secteur minier, « est légalement installée, qui paie les taxes à l’Etat, qui emploie des Guinéens, qui a construit des infrastructures. L’Etat a toujours donné la position aux travailleurs et non aux spéculateurs. Mais je fais entièrement confiance à la juridiction de mon pays. Je n’ai rien reçu de ABC de quelque nature que ce soit »
Accusé d’avoir contribué à faire effondrer ABC, il a rétorqué : « la cause de son effondrement, c’est son incapacité économique, son incapacité financière, son incapacité technique, les conflits internes. Ce n’est pas Ahmed Kanté qui a entraîné son effondrement. A aucun moment, les causes de l’effondrement de ce projet ne sont imputables à Ahmed Kanté. ABC n’apparaît nullement dans le cadastre minier guinéen. Il n’a pas de permis d’exploitation. Il n’existe pas »
Et Me Sekou Fofana, l’avocat de M. Kanté a appuyé sur la même lancée. Mais si son client ne se reproche rien, pourquoi s’être résolu à aller au fond du dossier ? Me Fofana répond : « Parce qu’à ce stade, il y a la curiosité des citoyens qui veulent savoir réellement ce qui s’est passé. Puisqu’il n’a rien à se reprocher, il a agi de façon correcte, loyale et c’est pour cette raison qu’il est venu. Il a déballé tout ce qu’il sait dans cette procédure. Les actes qu’il a eu à poser, comment rapprocher les parties en tant que promoteur du projet des propriétaires des permis. On lui reproche deux infractions : la concurrence déloyale et l’abus de confiance. Pour ce qui est de l’abus de confiance, on disait avant qu’il faut un contrat. Ce contrat actuellement, c’est une notion qui est très vague maintenant. On dit le lien. S’il y a le lien, il faut qu’il y ait la chose, s’il y a la chose, il faut qu’il y ait remise de cette chose. C’est pour cette raison que le président à poser la question de savoir s’il a reçu quelque chose de monsieur Alexandre Zotov. Il n’a rien reçu de lui. Il a dit même qu’il n’y a pas de lien entre eux. Donc, sur ce, c’est à la partie civile de rapporter la preuve de sa culpabilité par rapport à ces deux infractions qui lui sont reprochées ».
Mais en face, Me Alkaly Mohamed Touré, l’un des conseils de la société ABC dénonce une contradiction de la part de l’ancien ministre, Ahmed Kanté. « En reconnaissant le fait d’avoir effectué un déplacement avec Monsieur Zotov sur la Chine pour conclure l’accord de partenariat avec les Chinois. On ne peut pas voyager avec quelqu’un dans le cadre d’un projet qu’on ne connaît pas (…) De surcroît, il se dit promoteur de ce projet, ça veut dire qu’il est censé connaître parfaitement ceux qui sont concernés par ce projet, en l’occurrence Monsieur Alexandre Zotov mais également la société ABC », a fait remarquer l’avocat d’ABC.
Après les différentes observations, l’affaire a été renvoyée au 22 juillet pour la suite des débats.
Fodé Soumah