Le débat sur l’avant-projet de nouvelle constitution se poursuit aujourd’hui, que ce soit dans le cadre structuré institué par le CNTD lui-même ou non. C’est ainsi que la Coalition pour la défense des langues nationales (CoLaM) dénonce le fait que l’avant-projet de la loi fondamentale ne prendrait pas en compte ces dernières. Cette protestation, les membres de cette coalition en ont fait part le 31 juillet 2024, via une déclaration dans laquelle ils appellent le CNT à donner aux langues nationales un statut officiel dans la prochaine constitution.
La CoLaM est d’autant plus mécontente qu’elle aurait explicitement soumis au CNT un plaidoyer en faveur d’une prise en compte suffisante des langues locales. Sauf qu’après la publication de l’avant-projet de la nouvelle constitution, ses membres n’ont nulle part retrouvé la prise en compte de leur préoccupation. « Quand on dit langues officielles, c’est pour dire par exemple quand le président de la République part à Kankan, la loi lui interdit de s’adresser au peuple en Malinké. La loi lui dit de s’adresser en français, pour qu’en suite, on nous traduise. Est-ce que cela ne va pas choquer les gens ? C’est comme le cas du premier ministre, quand il part au Fouta, il doit obligatoirement parler français aux populations guinéennes du côté du Fouta. Pourquoi ? Et puis tout ça se passe dans notre propre pays. Un peuple se rassemble autour des valeurs culturelles, sociétales et linguistiques. On ne demande pas à ce qu’on enlève le français comme langue officielle. Non ! On en a besoin aussi », explique Ibrahima Konaté, coordinateur de la coalition pour la promotion des langues maternelles, au micro des reporters du Djely.
Pourtant, aux yeux de la CoLaM, cette transition considérée comme une période de refondation, constitue une occasion propice pour valoriser les langues nationales. Ibrahima Konaté et les autres réitèrent donc leur doléance à l’endroit du Conseil National de la Transition. « Ce que nous avons recommandé dans notre plaidoyer, c’est qu’au moins, ces principales langues (Soussou, Pular, Malinka, Kissia, Kpélè, Toma, le Noma) qui sont déjà codifiées depuis la première République, soient adoptées comme des langues officielles. Tout ce que nous demandons, c’est que nos langues soient au même titre que le français comme langue officielle et ça, nous le demandons au premier responsable du Conseil National de la Transition », réitère Konaté.
Aliou Nasta